Page:Bernard - Federic de Sicile.djvu/106

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vous perdre, car ſi l’amitié que j’ay pour vous me fait ſouhaitter de vous retenir, la reconnoiſſance que je dois au Roy de Sicile, & à vous même veut que je vous rende voſtre liberté. Rendez-la moy donc toute entiere, luy dit Federic, emporté par ſa paſſion. Vous conſentez donc à noſtre ſeparation, luy dit Amaldée, & vous y conſentez bien ? luy repartit Federic ; enfin continua-t’il, vous me laiſſez aller ; Amaldée eſtoit ſi charmé de recevoir tant de marques d’amitié, & Federic ſi confus de les luy avoir données, qu’ils garderent encore une fois le ſilence, puis enfin la timidité de Federic le luy fit rompre à ſon tour, & la crainte d’eſtre expoſé à reçevoir mille marques d’eſtime du Prince, qui quoyque douces, luy étoient ſi dangereuſes, le fit reſoudre à le prier de le renvoyer. Vous me haïſſez donc encore, luy dit Amaldée, il ne luy voulut pas répondre, & craignant de l’en avoir trop deſabuſé, il paſſa avec une grande viteſſe dans le vaiſſeau qui luy eſtoit deſtiné. Amaldée commanda avec beaucoup de douleur qu’on le conduiſit à Meſſine, mais on luy obeït fort mal ; celuy que Berranger a-