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identité des principes de l’expérimentation.

qu’il y a dans l’hydrogène une propriété capable d’engendrer de l’eau. C’est donc seulement la question du pourquoi qui est absurde, puisqu’elle entraîne nécessairement une réponse naïve ou ridicule. Il vaut donc mieux reconnaître que nous ne savons pas, et que c’est là que se place la limite de notre connaissance.

Si, en physiologie, nous prouvons, par exemple, que l’oxyde de carbone tue en s’unissant plus énergiquement que l’oxygène à la matière du globule du sang, nous savons tout ce que nous pouvons savoir sur la cause de la mort. L’expérience nous apprend qu’un rouage de la vie manque ; l’oxygène ne peut plus entrer dans l’organisme, parce qu’il ne peut pas déplacer l’oxyde de carbone de son union avec le globule. Mais pourquoi l’oxyde de carbone a-t-il plus d’affinité pour le globule de sang que l’oxygène ? Pourquoi l’entrée de l’oxygène dans l’organisme est-elle nécessaire à la vie ? C’est là la limite de notre connaissance dans l’état actuel de nos connaissances ; et en supposant même que nous parvenions à pousser plus loin l’analyse expérimentale, nous arrivons à une cause sourde à laquelle nous serons obligés de nous arrêter sans avoir la raison première des choses.

Nous ajouterons de plus, que le déterminisme relatif d’un phénomène étant établi, notre but scientifique est atteint. L’analyse expérimentale des conditions du phénomène, poussée plus loin, nous fournit de nouvelles connaissances, mais ne nous apprend plus rien, en réalité, sur la nature du phénomène primitivement déterminé. La condition d’existence d’un phénomène ne