Page:Bernard - Introduction à l’étude de la médecine expérimentale, Baillière, 1865.djvu/275

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
269
exemples d’investigation expérimentale, etc.

froid (nourriture qu’ils mangent très bien quand on ne leur donne pas autre chose). Ma prévision fut encore vérifiée, et pendant toute la durée de cette alimentation animale les lapins gardèrent des urines claires et acides.

Pour achever mon expérience, je voulus en outre voir par l’autopsie de mes animaux si la digestion de la viande s’opérait chez un lapin comme chez un carnivore. Je trouvai, en effet, tous les phénomènes d’une très bonne digestion dans les réactions intestinales, et je constatai que tous les vaisseaux chylifères étaient gorgés d’un chyle très abondant, blanc, laiteux, comme chez les carnivores. Mais voici qu’à propos de ces autopsies, qui m’offrirent la confirmation de mes idées sur la digestion de la viande chez les lapins, il se présenta un fait auquel je n’avais nullement pensé et qui devint pour moi, comme on va le voir, le point de départ d’un nouveau travail.

Deuxième exemple (suite du précédent). — Il m’arriva, en sacrifiant les lapins auxquels j’avais fait manger de la viande, de remarquer que des chylifères blancs et laiteux commençaient à être visibles sur l’intestin grêle à la partie inférieure du duodénum, environ à 30 centimètres au-dessous du pylore. Ce fait attira mon attention, parce que chez les chiens les chylifères commencent à être visibles beaucoup plus haut dans le duodénum et immédiatement après le pylore. En examinant la chose de plus près, je constatai que cette particularité chez le lapin coïncidait avec l’insertion du canal pancréatique situé dans un point très bas, et