Page:Bernard - Introduction à l’étude de la médecine expérimentale, Baillière, 1865.djvu/28

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
22
du raisonnement expérimental.

dit faire des expériences ou faire des observations, cela signifie qu’on se livre à l’investigation et à la recherche, que l’on tente des essais, des épreuves, dans le but d’acquérir des faits dont l’esprit, à l’aide du raisonnement, pourra tirer une connaissance ou une instruction.

Quand on parle d’une manière abstraite et quand on dit s’appuyer sur l’observation et acquérir de l’expérience, cela signifie que l’observation est le point d’appui de l’esprit qui raisonne, et l’expérience le point d’appui de l’esprit qui conclut, ou mieux encore le fruit d’un raisonnement juste appliqué à l’interprétation des faits. D’où il suit que l’on peut acquérir de l’expérience sans faire des expériences, par cela seul qu’on raisonne convenablement sur les faits bien établis, de même que l’on peut faire des expériences et des observations sans acquérir de l’expérience, si l’on se borne à la constatation des faits.

L’observation est donc ce qui montre les faits ; l’expérience est ce qui instruit sur les faits et ce qui donne de l’expérience relativement à une chose. Mais comme cette instruction ne peut arriver que par une comparaison et un jugement, c’est-à-dire par suite d’un raisonnement, il en résulte que l’homme seul est capable d’acquérir de l’expérience et de se perfectionner par elle.

« L’expérience, dit Gœthe, corrige l’homme chaque jour. » Mais c’est parce qu’il raisonne juste et expérimentalement sur ce qu’il observe ; sans cela il ne se corrigerait pas. L’homme qui a perdu la raison, l’aliéné, ne s’instruit plus par l’expérience, il ne raisonne plus expérimentalement. L’expérience est donc le privilége