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exemples de critique expérimentale physiologique.

montrant la cause de l’erreur, et alors il n’est plus nécessaire de combattre l’erreur, elle tombe d’elle-même. C’est ainsi que la critique équivaut à une découverte ; c’est quand elle explique tout sans rien nier, et qu’elle trouve le déterminisme exact de faits en apparence contradictoires. Par ce déterminisme tout se réduit, tout devient lumineux, et alors, comme dit Leibnitz, la science en s’étendant s’éclaire et se simplifie.

§ II. — Le principe du déterminisme repousse de la science les faits indéterminés ou irrationnels.

Nous avons dit ailleurs (p. 90) que notre raison comprend scientifiquement le déterminé et l’indéterminé, mais qu’elle ne saurait admettre l’indéterminable, car ce ne serait rien autre chose qu’admettre le merveilleux, l’occulte ou le surnaturel, qui doivent être absolument bannis de toute science expérimentale. De là il résulte que, quand un fait se présente à nous, il n’acquiert de valeur scientifique que par la connaissance de son déterminisme. Un fait brut n’est pas scientifique et un fait dont le déterminisme n’est point rationnel doit de même être repoussé de la science. En effet, si l’expérimentateur doit soumettre ses idées au critérium des faits, je n’admets pas qu’il doive y soumettre sa raison ; car alors il éteindrait le flambeau de son seul critérium intérieur et il tomberait nécessairement dans le domaine de l’indéterminable, c’est-à-dire de l’occulte et du merveilleux. Sans doute il existe dans la science un grand nombre de faits bruts qui sont encore incompréhensibles ; je ne veux pas conclure qu’il faut de parti