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de l’observation et de l’expérience.

Laplace considère que l’astronomie est une science d’observation parce qu’on ne peut qu’observer le mouvement des planètes ; on ne saurait en effet les atteindre pour modifier leur marche et leur appliquer l’expérimentation. « Sur la terre, dit Laplace, nous faisons varier les phénomènes par des expériences ; dans le ciel, nous déterminons avec soin tous ceux que nous offrent les mouvements célestes.[1] » Certains médecins qualifient la médecine de science d’observation, parce qu’ils ont pensé à tort que l’expérimentation ne lui était pas applicable.

Au fond toutes les sciences raisonnent de même et visent au même but. Toutes veulent arriver à la connaissance de la loi des phénomènes de manière à pouvoir prévoir, faire varier ou maîtriser ces phénomènes. Or, l’astronome prédit les mouvements des astres, il en tire une foule de notions pratiques, mais il ne peut modifier par l’expérimentation les phénomènes célestes comme le font le chimiste et le physicien pour ce qui concerne leur science.

Donc, s’il n’y a pas, au point de vue de la méthode philosophique, de différence essentielle entre les sciences d’observation et les sciences d’expérimentation, il en existe cependant une réelle au point de vue des conséquences pratiques que l’homme peut en tirer, et relativement à la puissance qu’il acquiert par leur moyen. Dans les sciences d’observation, l’homme observe et raisonne expérimentalement, mais il n’expéri-

  1. Laplace, Système du monde, ch. II.