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de l’idée à priori et du doute.

L’idée expérimentale résulte d’une sorte de pressentiment de l’esprit qui juge que les choses doivent se passer d’une certaine manière. On peut dire sous ce rapport que nous avons dans l’esprit l’intuition ou le sentiment des lois de la nature, mais nous n’en connaissons pas la forme. L’expérience peut seule nous l’apprendre.

Les hommes qui ont le pressentiment des vérités nouvelles sont rares ; dans toutes les sciences, le plus grand nombre des hommes développe et poursuit les idées d’un petit nombre d’autres. Ceux qui font des découvertes sont les promoteurs d’idées neuves et fécondes. On donne généralement le nom de découverte à la connaissance d’un fait nouveau ; mais je pense que c’est l’idée qui se rattache au fait découvert qui constitue en réalité la découverte. Les faits ne sont ni grands ni petits par eux-mêmes. Une grande découverte est un fait qui, en apparaissant dans la science, a donné naissance à des idées lumineuses, dont la clarté a dissipé un grand nombre d’obscurités et montré les voies nouvelles. Il y a d’autres faits qui, bien que nouveaux, n’apprennent que peu de chose ; ce sont alors de petites découvertes. Enfin il y a des faits nouveaux qui, quoique bien observés, n’apprennent rien à personne ; ils restent, pour le moment, isolés et stériles dans la science ; c’est ce qu’on pourrait appeler le fait brut ou le fait brutal.

La découverte est donc l’idée neuve qui surgit à propos d’un fait trouvé par hasard ou autrement. Par conséquent, il ne saurait y avoir de méthode pour