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du raisonnement expérimental.

faire des découvertes, parce que les théories philosophiques ne peuvent pas plus donner le sentiment inventif et la justesse de l’esprit à ceux qui ne les possèdent pas, que la connaissance des théories acoustiques ou optiques ne peut donner une oreille juste ou une bonne vue à ceux qui en sont naturellement privés. Seulement les bonnes méthodes peuvent nous apprendre à développer et à mieux utiliser les facultés que la nature nous a dévolues, tandis que les mauvaises méthodes peuvent nous empêcher d’en tirer un heureux profit. C’est ainsi que le génie de l’invention, si précieux dans les sciences, peut être diminué ou même étouffé par une mauvaise méthode, tandis qu’une bonne méthode peut l’accroître et le développer. En un mot, une bonne méthode favorise le développement scientifique et prémunit le savant contre les causes d’erreurs si nombreuses qu’il rencontre dans la recherche de la vérité ; c’est là le seul objet que puisse se proposer la méthode expérimentale. Dans les sciences biologiques, ce rôle de la méthode est encore plus important que dans les autres, par suite de la complexité immense des phénomènes et des causes d’erreurs sans nombre que cette complexité introduit dans l’expérimentation. Toutefois, même au point de vue biologique, nous ne saurions avoir la prétention de traiter ici de la méthode expérimentale d’une manière complète ; nous devons nous borner à donner quelques principes généraux, qui pourront guider l’esprit de celui qui se livre aux recherches de médecine expérimentale.