Page:Bernard - Introduction à l’étude de la médecine expérimentale, Baillière, 1865.djvu/83

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
77
de l’idée à priori et du doute.

le sentiment qui a l’initiative par l’idée. C’est le sentiment seul qui dirige l’esprit et qui constitue le primum movens de la science. Le génie se traduit par un sentiment délicat qui pressent d’une manière juste les lois des phénomènes de la nature ; mais, ce qu’il ne faut jamais oublier, c’est que la justesse du sentiment et la fécondité de l’idée ne peuvent être établies et prouvées que par l’expérience.

§ V. — De l’induction et de la déduction dans le raisonnement expérimental.

Après avoir traité dans tout ce qui précède de l’influence de l’idée expérimentale, examinons actuellement comment la méthode doit, en imposant toujours au raisonnement la forme dubitative, le diriger d’une manière plus sûre dans la recherche de la vérité.

Nous avons dit ailleurs que le raisonnement expérimental s’exerce sur des phénomènes observés, c’est-à-dire sur des observations ; mais, en réalité, il ne s’applique qu’aux idées que l’aspect de ces phénomènes a éveillées en notre esprit. Le principe du raisonnement expérimental sera donc toujours une idée qu’il s’agit d’introduire dans un raisonnement expérimental pour la soumettre au critérium des faits, c’est-à-dire à l’expérience.

Il y a deux formes de raisonnement : 1° la forme investigative ou interrogative qu’emploie l’homme qui ne sait pas et qui veut s’instruire ; 2° la forme démonstrative ou affirmative qu’emploie l’homme qui sait ou croit savoir, et qui veut instruire les autres.