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du raisonnement expérimental.

Les philosophes paraissent avoir distingué ces deux formes de raisonnement sous les noms de raisonnement inductif et de raisonnement déductif. Ils ont encore admis deux méthodes scientifiques, la méthode inductive ou l’induction, propre aux sciences physiques expérimentales, et la méthode déductive ou la déduction, appartenant plus spécialement aux sciences mathématiques.

Il résulterait de là que la forme spéciale du raisonnement expérimental dont nous devons seulement nous occuper ici serait l’induction.

On définit l’induction en disant que c’est un procédé de l’esprit qui va du particulier au général, tandis que la déduction serait le procédé inverse qui irait du général au particulier. Je n’ai certainement pas la prétention d’entrer dans une discussion philosophique qui serait ici hors de sa place et de ma compétence ; seulement, en qualité d’expérimentateur, je me bornerai à dire que dans la pratique il me paraît bien difficile de justifier cette distinction et de séparer nettement l’induction de la déduction. Si l’esprit de l’expérimentateur procède ordinairement en partant d’observations particulières pour remonter à des principes, à des lois ou à des propositions générales, il procède aussi nécessairement de ces mêmes propositions générales ou lois pour aller à des faits particuliers qu’il déduit logiquement de ces principes. Seulement quand la certitude du principe n’est pas absolue, il s’agit toujours d’une déduction provisoire qui réclame la vérification expérimentale. Toutes les variétés appa-