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ET VIRGINIE

vous épouser. Elle a remplacé votre nom de femme par celui de votre famille, qui m’est encore cher cependant, parcequ’il a été votre nom de fille. Me voyant dans une situation aussi brillante, je l’ai suppliée de vous envoyer quelques secours. Comment vous rendre sa réponse ? mais vous m’avez recommandé de vous dire toujours la vérité. Elle m’a donc répondu que peu ne vous serviroit à rien, et que, dans la vie simple que vous menez, beaucoup vous embarrasseroit. J’ai cherché d’abord à vous donner de mes nouvelles par une main étrangere, au défaut de la mienne. Mais n’ayant à mon arrivée ici personne en qui je pusse prendre confiance, je me suis appliquée nuit et jour à apprendre à lire et à écrire : Dieu m’a fait la grace d’en venir à bout en peu de temps. J’ai chargé de l’envoi de mes premieres lettres les dames qui sont autour de moi ; j’ai lieu de croire qu’elles les ont remises à ma grand’tante. Cette fois j’ai eu recours à une pensionnaire de mes amies : c’est sous son adresse ci-jointe que je vous prie de me faire passer vos réponses. Ma grand’tante m’a interdit toute correspondance au-dehors, qui pourroit,