Page:Berrichon - Jean-Arthur Rimbaud, 1912.djvu/154

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sies par écho, tant celle du dîner des Vilains Bonshommes[1] que les autres ?


Ah, les haillons pourris, le pain trempé de pluie, l’ivresse, les mille amours qui m’ont crucifié ! Elle ne finira donc point cette goule reine de millions d’âmes et de corps morts et qui seront jugés !


s’écrira encore Rimbaud, dans Une Saison en Enfer, au souvenir de cette vie.

Cependant la haine calomniatrice s’acharnait contre lui. Ah, messieurs les arrivistes de let-

  1. Voici un récit succinct, mais vrai jusque dans le moindre détail, du « drame » en question. Ce soir-là, aux Vilains Bonshommes, on avait lu beaucoup de vers après le dessert et le café. Beaucoup de vers, même à la fin d’un dîner (plutôt modeste), ce n’est pas toujours des moins fatigants, particulièrement quand ces vers sont un peu bien déclamatoires comme ceux dont vraiment il s’agissait (et non de vers du bon poète Jean Aicard). Ces vers étaient d’un monsieur qui faisait beaucoup de sonnets à l’époque et de qui le nom m’échappe. Et, sur le début suivant, après passablement d’autres choses d’autres gens,


    On dirait des soldats d’Agrippa d’Aubigné
    Alignés au cordeau par Philibert Delorme…


    Rimbaud eut le tort incontestable de protester d’abord entre haut et bas contre la prolongation d’à la fin abusives récitations. Sur quoi M. Étienne Carjat, le photographe-poète de qui le récitateur était l’ami littéraire et artistique, s’interposa trop vite et trop vivement à mon gré, traitant l’interrupteur de gamin. Rimbaud qui ne savait supporter la boisson, et que l’on avait contracté, dans ces « agapes »