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Ô, suprême clairon plein de strideurs étranges,
Silences traversés des Mondes et des Anges…
— Ô l’Oméga, rayon violet de ses yeux[1] !

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L’étoile a pleuré rose au cœur de tes oreilles,
L’infini roulé blanc de ta nuque à tes reins ;
La mer a perlé rousse à tes mammes vermeilles,
Et l’Homme saigné noir à ton flanc souverain…

Et Verlaine, en l’esprit duquel dormaient des virtualités de révolte prosodique, s’excitait, se suscitait sous le fouet de tant de puissance sensorielle et d’originalité mentale.

Le sonnet des Voyelles, les Chercheuses de Poux avaient été le premier coup de mine dans la disposition intérieure de l’édifice technique du Parnasse. Ce coup de mine, en ébranlant les cloisons et les charpentes, devait logiquement amener l’écroulement des façades. Les rythmes fixés de la versification banvillesque, rythmes

  1. Cette variante de Voyelles et le quatrain inédit, qui suit, sur la couleur des sensations font aussi partie de la collection d’autographes de M. Louis Barthou. François Coppée — est-ce faute de sincérité ou de compréhension ? — a voulu voir dans le sonnet des Voyelles l’œuvre d’un fumiste. M. Ernest Gaubert, plus explicite dans du scepticisme, a voulu, un jour, démontrer que Rimbaud n’avait senti la couleur des sons que d’après les illustrations d’un abécédaire… Comme si le Bateau ivre, les Chercheuses de Poux, les Illuminations n’eussent point été là pour infirmer d’avance cette trop facile, trop puérile thèse !