Page:Berrichon - Jean-Arthur Rimbaud, 1912.djvu/171

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On voit, roulant comme une digue au delà de la route
   hydraulique motrice,
Monstrueux ; s’éclairant sans fin, leur stock d’études ;
Eux chassés dans l’extase harmonique
Et l’héroïsme de la découverte.

Aux accidents atmosphériques les plus surprenants,
Un couple de jeunesse s’isole sur l’arche,
— Est-ce ancienne sauvagerie qu’on pardonne ? —
Et chante et se poste.

Est-ce que, au point de vue technique, tous les essais de vers libres produits depuis la publication, en 1886, des Illuminations, ne tiennent pas entre ces deux poèmes-là ? Nous ne parlons pas du fond, qui est inimitable et d’une émotion unique, aussi bien dans le premier, simple rêverie, que dans le second, évocation grandiose du voyage maritime que Rimbaud et Verlaine feront ensemble d’Anvers à Londres, au mois de mai 1873. A-t-on jamais plus magiquement que dans ce Mouvement figuré le rythme d’un vaisseau partant, voguant, accostant ?

Loin de nous la pensée de vouloir diminuer en rien le mérite des poètes ayant, par la suite, adopté cette nouvelle prosodie et qui, du reste, reconnaissent en Rimbaud leur précurseur. Ils ont, conscients, promulgué les lois de cette découverte et l’ont triomphalement appliquée : de même que le grammairien formule les pré-