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Arrivés à Charleville, entre deux trains, ils allèrent trouver l’ami Bretagne, le vieux bohème qui, jadis, les avait mis en rapports. Celui-ci, tout heureux et fier, sans doute, d’avoir à protéger des proscrits, voulut bien se charger d’aller quérir aux guichets de la gare deux billets à destination de Vireux.

De Vireux, ayant à pied passé la frontière, ils se dirigèrent gaiement sur Bruxelles, par Walcourt et Charleroi — selon que l’indiquent les deux premiers « paysages belges » des Romances sans Paroles :


Gares prochaines,
Gais chemins grands…
Quelles aubaines,
Bons juifs errants !


Jusqu’en septembre, date à laquelle Verlaine eut avec sa femme l’entrevue racontée dans Birds in the night[1], les deux amis résidèrent ensemble à Bruxelles ; non sans, du boulevard Anspach, où ils se rencontrèrent avec des communards, rayonner vers les villes les plus caractéristiques de la Belgique et de la Hollande.

Ces pérégrinations s’accomplissaient de façon épique, dans le plus ingénu détachement des ins-

  1. Paul Verlaine, Romances sans Paroles.