Page:Berrichon - Jean-Arthur Rimbaud, 1912.djvu/215

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perdues, des pièces de vers dont l’une, les Veilleurs, est, au sentiment de Verlaine, la plus belle qu’ait écrite Rimbaud. On voit combien cette confiscation a été coupable envers l’auteur, combien elle le demeure envers les Lettres françaises.


Aussitôt rentrée à Charleville, Madame Rimbaud manda à son fils le résultat négatif de ses démarches au sujet des manuscrits. Elle lui remontra en même temps le péril qu’il y avait, pour sa bonne réputation, à continuer des relations avec Verlaine. Afin de couper court à toutes insinuations, à toutes accusations calomnieuses, le plus simple, dans l’intérêt surtout de l’ami, serait qu’Arthur le quittât et revînt à la maison, concluait-elle judicieusement et fermement. Elle joignait à sa lettre des fonds pour le retour.

Les deux poètes, se croyant forts de leur innocence, ne se rendirent pas tout d’abord à ce conseil. Rimbaud, savons-nous, repoussait de tout son hautain mépris les ordures en question. Quant à Verlaine, sa correspondance avec M. Edmond Lepelletier révèle qu’il aurait considéré l’éloignement du jeune homme comme une maladresse pouvant, aux yeux de ses beaux-parents, constituer un aveu.