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JEAN-ARTHUR RIMBAUD

Chose étrange : ce gamin de huit ans, qui va devenir un humaniste brillant, un historien curieux et un homme d’activité fiévreuse et désintéressée, invective là ce pour quoi il se passionnera, en même temps qu’il déverse son mépris sur les professions ouvertes par les examens universitaires. Faut-il voir dans ce puéril mouvement d’âme un dégoût prématuré pour l’étude ? Assurément non. Nous pensons qu’il faut en déduire plutôt, déjà, un esprit de révolte et, spécialement, l’aversion pour les examens, aversion qui grandira toujours et qui semblerait un composé de farouche timidité, de pudeur intellectuelle et d’une crainte aussi que les réponses aux examinateurs ne correspondissent point au préjugé requis par les questions.



Parmi les lectures occupant les loisirs d’Arthur à cette époque, nous citerons d’abord la « Bible à la tranche vert chou » dont il est parlé dans les Poètes de Sept ans. C’est un exemplaire relié de la traduction en français sur la Vulgate, par Le Maistre de Sacy, de l’Ancien et du Nouveau Testament, édition L. Hachette, Paris, 1841. Nous avons en mains ce volume. On sent qu’il a été lu et relu ; au cours des pages, on voit, écrits au crayon, de la main du futur illuminé,