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JEAN-ARTHUR RIMBAUD

maîtres laïques l’emportant, ce qui les rendait suspects et créait ainsi l’antagonisme. Les séminaristes, d’excellents garçons, pris isolément, devenaient farouches en corps, se croyaient investis d’une mission sacrée de surveillance et d’épluchage à l’endroit des professeurs pris dans le profane. »

Arthur Rimbaud, sitôt qu’il avait paru en classe, laissait en arrière tous ses camarades, y compris les séminaristes, d’ailleurs moins dévots que lui et parmi lesquels se distinguait, comme le plus redoutable des concurrents, Jules Mary, le feuilletoniste de nos actuels jours républicains. Rendons cette justice à M. Mary, qu’il garda toujours pour le souvenir de son vainqueur une très digne sympathie[1].

De ce qu’un jour, au cours de mathématiques professé par M. Barbaisse, Arthur lança un livre à la tête d’un condisciple venant de le dénoncer comme l’auteur d’une tricherie généreuse, quelqu’un a osé conclure qu’il était sournois et cruel. Rien n’est plus faux d’appréciation. D’abord, le dénonciateur était un grand et solide gaillard, d’un âge supérieur et vingt fois capable de ma-

  1. L’impartialité nous oblige à reconnaître en outre que, parmi les anciens condisciples de Rimbaud appelés à fournir des renseignements pour cet ouvrage, les ecclésiastiques ont, sans exception, montré de la sympathie, voire de l’admiration à l’égard de leur concurrent laïque d’autrefois.