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JEAN-ARTHUR RIMBAUD

particulier, et dès qu’une sympathie littéraire l’eut rendu en quelque sorte l’ami d’Arthur Rimbaud, les versa-t-il sans mesure dans la généreuse conscience de l’enfant, qui s’en enivrait. « La République — dira l’ami Forain — était si belle sous l’Empire ! »

Durant la plus grande partie de cette année scolaire, M. Izambard et Rimbaud, pour ainsi dire, ne se quittèrent pas. Leurs rapports, a confié le professeur de rhétorique, étaient surtout de camarade à camarade ; et il faut bien en inférer, devant les faits, que si le jeune pédagogue n’abolit pas de ses propres mains l’Empire, il attisa par des prêts de livres et de journaux, par des entretiens, la révolution dans l’âme illucescente de son élève. S’émerveillant à juste titre de la précocité d’esprit et de la fièvre de nouveautés d’Arthur, il le stimula, n’y voyant certes aucun mal, dans une voie contradictoire de celle où Madame Rimbaud et les programmes scolaires avaient engagé son éducation et il en résulta que notre rhétoricien, tout en traduisant pour son plaisir Juvénal, Tibulle, Martial, Properce et Pétrone, voulut connaître Villon, Rabelais, la Pléiade et les Romantiques et les Parnassiens, et qu’il connut bientôt aussi les philosophes du dix-huitième siècle, les historiens républicains de la Révolution fran-