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JEAN-ARTHUR RIMBAUD

de fer, la colline du Bois-en-Val bordant la Meuse à sa sortie de Mézières.


L’après-midi du 29 août, la famille Rimbaud se trouvait dans cette prairie. Il faisait très chaud. Le ciel s’envahissait de nuages. On était, de surcroît, assez angoissé par les mauvaises nouvelles des opérations militaires. Arthur, en particulier, par des rougeurs et des pâleurs alternées, marquait sur son visage de l’inquiétude et de l’agitation. Tout à coup, il déclara vouloir retourner à la maison pour y prendre un livre.

Il partit. Mais il ne revint pas.

C’est en vain que sa mère, dont le souci se lassait d’attendre, retourna quai de la Madeleine pour l’y retrouver ; en vain que, la clef étant restée sur la porte et faisant ainsi supposer son fils dans son voisinage, elle alla s’enquérir ; en vain qu’elle courut ensuite aux endroits qu’il avouait fréquenter. Personne ne put la renseigner. La nuit venue, Arthur n’était pas encore rentré. L’anxiété de madame Rimbaud devint de l’affolement. Entraînant ses fillettes avec elle, elle passa une grande partie de la nuit à parcourir les rues de Charleville et de Mézières dans un indescriptible état d’angoisse ; interrogeant les cabarets, questionnant les groupes de