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JEAN-ARTHUR RIMBAUD

de famille, vous avez plus d’expérience et la conscience mieux assise, avouez la légitimité de sa colère envers vous ; avouez aussi votre tort, votre faute d’avoir, par ces propos journalistiques, nié le devoir, vous incombant strictement, de ramener cet enfant de quinze ans au giron maternel, dont votre inconsciente propagande avait évidemment aidé à le sortir. Il faut dire du vrai le vrai. Certes, Madame Rimbaud n’était pas de complexion à jouer les pères d’enfant prodigue. Cette fois, d’ailleurs, l’escapade de son fils n’avait aucun rapport avec les faits de la parabole évangélique. Peut-être, pendant l’absence d’Arthur, s’était-elle reproché de n’avoir pas été encore assez sévère envers lui. De plus, toute sa Serté, toute sa probité se dressaient contre des idées considérées par sa morale aristocratique comme malfaisantes. Sous son orgueilleuse volonté, il y avait, à la vérité, de profondes tendresses cordiales : son fils le sentait bien ; mais elle employait à les voiler une farouche pudeur. Et tenez, M. Izambard, en voulant vous élever contre ces explications, vous apportez la preuve de leur justesse par la publication de ce billet à vous adressé et dont toutes vos tournures, toutes vos appréciations injurieuses[1] ne sau-

  1. Cf. Vers et Prose, t. XXIV.