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JEAN-ARTHUR RIMBAUD

raient, pour qui sait lire, abolir l’éloquence :

Charleville, 24 septembre 1870.
Monsieur,

Je suis très inquiète, et je ne comprends pas cette absence prolongée d’Arthur. Il a cependant dû comprendre, par ma lettre du 17, qu’il ne devait pas rester un jour de plus à Douai ; d’un autre côté, la police fait des démarches pour savoir où il est passé, et je crains bien qu’avant le reçu de cette présente ce petit drôle se fasse arrêter une seconde fois ; mais il n’aurait pas besoin de revenir, car je jure bien que de ma vie je ne le recevrais plus. Est-il possible de comprendre la sottise de cet enfant, lui si sage et si tranquille ordinairement ? Comment une telle folie a-t-elle pu venir à son esprit ? Quelqu’un l’y aurait-il soufflée ? Mais non, je ne dois pas le croire. On est injuste aussi, quand on est malheureux. Soyez donc assez bon pour lui avancer dix francs, et chassez-le, qu’il revienne vite Je sors du bureau de poste, où l’on m’a encore refusé un mandat, la ligne n’étant pas ouverte jusqu’à Douai. Que faire ? Je suis bien en peine. Que Dieu ne punisse pas la folie de ce malheureux, comme il le mérite.

J’ai l’honneur, monsieur, de vous présenter mes respects.

Ep. Rimbaud.


Il résulta de cette première escapade ce qui