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JEAN-ARTHUR RIMBAUD

ception des objets postaux par les envahisseurs allemands, avait, en surcroît de précaution, dans la crainte qu’il arrivât de nouveau malheur honteux à son fils, couru à Bouillon, ville belge de la frontière, et y avait déposé, à la poste, l’argent nécessaire au voyage de Douai à Charleville. La lettre contenant le mandat ne fut-elle pas mise en route ? Arthur était-il parti de Douai, lorsque le pli y arriva ? Toujours est-il que, à quelque temps de là, l’expéditrice reçut de Bouillon avis d’avoir à venir se faire rembourser le mandat-poste. Le transfuge était déjà rentré à la maison. Il y avait été, dit M. Izambard, ramené administrativement. Or, il est impossible que cette mère, si « fière pour elle » de son enfant, ait jamais voulu, au fond, employer pour le récupérer des procédés dont elle aurait eu elle-même à rougir ; il est peu vraisemblable, d’autre part, qu’Arthur, à ce moment, soit allé se reposer sur la gendarmerie du soin de le reconduire à Charleville. Alors ?… À moins que la police, à laquelle, dans son désespoir de ne pas recevoir du professeur absent de Douai réponse à sa lettre, Madame Rimbaud s’était peut-être adressée pour rechercher le fugitif, n’ait cru devoir prendre sur soi de le ramener. En tout cas, nous savons qu’à Douai les tantes de M. Izambard s’impatientaient du