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JEAN-ARTHUR RIMBAUD

Je meurs, je me décompose dans la platitude, dans la mauvaiseté, dans la grisaille. Que voulez-vous, je m’entête affreusement à adorer la liberté libre, et un tas de choses que « ça fait pitié », n’est-ce pas ? — Je devais repartir aujourd’hui même ; je le pouvais : j’étais vêtu de neuf, j’aurais vendu ma montre, et vive la liberté ! — Donc je suis resté ! je suis resté ! et je voudrai repartir encore bien des fois. — Allons, chapeau, capote, les deux poings dans les poches et sortons ! — Mais je resterai, je resterai. Je n’ai pas promis cela. Mais je le ferai pour mériter votre affection : vous me l’avez dit. Je la mériterai.

La reconnaissance que je vous ai, je ne saurais pas vous l’exprimer plus que l’autre jour ; je vous la prouverai. Il s’agirait de faire quelque chose pour vous, que je mourrais pour le faire, — je vous en donne ma parole.

J’ai encore un tas de choses à dire…

Ce « sans-cœur » de
A. Rimbaud.

Guerre : pas de siège de Mézières. Pour quand ? On n’en parle pas. — J’ai fait votre commission à M. Deverrière, et s’il faut faire plus, je ferai. — Par ci, par là, des francs-tirades. Abominable prurigo d’idiotisme, tel est l’esprit de la population. On en entend de belles, allez ! C’est dissolvant.


Pourtant, peu à peu, il s’apprivoise à la maison. Aux heures des repas et durant la