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taines variétés peut avoir jusqu’à un décimètre de diamètre, qui constitue la partie comestible. Parmi les variétés dont on connaît un assez grand nombre, les quatre suivantes sont particulièrement recherchées : Artichaut gros vert de Laon, variété très estimée à pommes très grosses et à réceptacle très charnu ; les bractées sont vertes et divergentes. A. camus de Bretagne, variété hâtive, de moins bonne qualité que la précédente ; bractées colorées en violet et étroitement apprimées. A. vert de Provence, cultivé dans le Midi où il donne des produits très hâtifs. A. violet de Provence, qui diffère de la précédente variété par un plus gros volume du capitule et la couleur violette que revêtent ses bractées.

La culture de l’artichaut est facile et peut se faire à peu près dans toute espèce de terre, cependant c’est dans les sols riches en humus et suffisamment humides que ce légume acquiert le plus beau développement. Cette condition d’humidité est indispensable à la bonne venue et à une récolte prolongée des produits ; pour cette raison les terres silico-argileuses et argilo-calcaires sont celles qui conviennent le mieux à cette culture. Toutefois, il faut redouter les terrains dans lesquels l’eau devient stagnante pendant l’hiver, ce qui amène infailliblement la perte delà plus grande partie du plant. La multiplication des artichauts se fait habituellement par division des touffes, c.-à-d. par une sorte de bouturage ; cependant, quand il s’agit de planter en grand et que l’on n’a pas à sa disposition un nombre suffisant de plants, on est obligé de recourir au semis. Celui-ci, pour donner de rapides résultats, doit se faire sur couche en mars. Quand le plant est bien levé, on l’éclaircit. La plantation peut se faire dès la fin d’avril, mais le plant aura dû être préalablement habitué à l’action de l’air extérieur en soulevant le châssis pendant le jour. Il faut avoir soin de ne planter que les individus dont les feuilles sont grandes et peu découpées sur les bords. Tous ceux, au contraire, qui présenteront des épines sur les bords, devront être rejetés. Plusieurs arrosages sont nécessaires pour faciliter la reprise. On peut aussi semer les artichauts directement en place ; mais tandis que par le premier procédé on obtient une floraison presque assurée dès l’automne de la première année, à l’aide du second la récolte est retardée jusqu’à l’année suivante. Que les pieds aient fleuri ou non, à l’automne, dès que les gelées se font sentir, on relève les feuilles et on butte les plantes avec la terre prise autour du pied. Indépendamment de cette protection qu’offre le buttage, il est encore nécessaire de faire usage de feuilles ou de litière afin de protéger les plantes contre les fortes gelées. Il est utile, pendant l’hiver, de couvrir ou de découvrir les plantes suivant qu’il gèle ou qu’il fait beau. Dès que les gelées ne sont plus à craindre, on enlève définitivement la litière, que l’on peut mettre en meule pour s’en resservir l’année suivante. On compte qu’il faut environ douze mètres cubes de litière pour couvrir la plantation d’un hectare. Si le temps est beau et que les fortes gelées soient passées, au commencement de mars ou au plus tard à la fin de ce mois, on débutte les artichauts, puis on donne un labour au terrain tout entier. Un mois environ après ce labour, les artichauts forment de vastes touffes de feuillage provenant de ce que la souche s’est ramifiée et a émis des bourgeons latéraux. Il importe d’enlever un certain nombre de ces ramifications et de ne laisser sur chaque pied que deux ou trois des plus vigoureuses. Cet enlèvement auquel, dans la pratique, on donne le nom d’œilletonnage, consiste à déchausser la plante, puis à éclater tous les rameaux peu vigoureux pour ne conserver que ceux qui sont bien venants et attachés au bas de la tige mère.

Tous les œilletons qui sont enlevés serviront à la multiplication et donneront un résultat plus prompt et plus certain que le semis. Plantés simplement au plantoir, en plein champ, ils reprennent sûrement, si le temps n’est pas trop sec, et cela sans qu’il soit même besoin de leur donner d’arrosage. La plupart d’entre eux donnent leurs produits dès l’automne qui suit la plantation. Pour ce qui est de ceux qui ont été plantés l’année d’avant et que l’on a abrités pendant l’hiver, ils commencent à montera fleur dès le mois de juin. Chaque pied émet autant de rameaux que l’on a conservé d’u-illetons, soit deux ou trois. Chaque rameau se termine par un capitule plus volumineux que les autres auquel on donne le nom de tête, et porte deux ou trois autres capitules latéraux que l’on désigne sous celui d’œilletons. On favorise le développement du premier en supprimant les capitules latéraux. La récolte doit se faire des que les capitules sont arrivés à leur complet développement ; plus tard ils perdent de leur valeur et deviennent durs et ne sont plus comestibles. Après la récolte on coupe les branches jusqu’au sol, et à ce moment toutes les feuilles sont desséchées ; plus tard, quand les pluies d’automne commencent à tomber, on voit sortir de terre une foule de feuilles formant une large touffe. À l’approche des froids ces feuilles seront raccourcies et les plantes buttées, comme il a été dit pour la culture de première année. L’artichaut étant une plante vivace, on peut théoriquement le conserver indéfiniment, mais, dans la pratique, on se contente d’en tirer deux à trois récoltes, après quoi la plantation est remplacée par une autre.

Les artichauts donnent lieu à un commerce très important ; on les cultive abondamment dans les environs de Paris et de Lyon, dans l’O. de la France, dans toute la région méditerranéenne, dans le N. de l’Afrique. Dans ces deux dernières régions, les produits obtenus sont tous hâtifs ; la récolte commence dès le mois de janvier, aussi les produits en sont-ils expédiés dans tous les grands centres d’Europe ou ils se vendent avec des prix de faveur.

J. Dybowski.

III. Architecture. — La fleur d’artichaut, au moment de l’épanouissement du fruit, a été quelquefois employée dans la décoration sculptée. On nomme artichaut un ensemble de pointes de fer disposées en rayonnant autour d’un centre, de façon à former un obstacle infranchissable, posé soit aux deux côtés d’une grille de fer forgé, soit sur des extrémités de balcons ou de murs pour en empêcher l’escalade.

H. Saladin.

IV. Technologie (Feu d’artifice). L’artichaut, appelé aussi fusée de table ou tourbillon, est un artifice confectionné à la façon des fusées volantes, mais sans garnitures ; il doit s’élever en l’air tout en tournant sur lui-même et produire des jets de feu en divers sens. L’artichaut se compose d’une cartouche de fusée volante non étranglée, mais fermée à ses deux bouts et chargée d’une composition fusante ou rayonnante de fusée (V. Artifice) ; il est percé suivant sa longueur et sur une même ligne droite de quatre trous équidistants qui servent à le faire enlever, et de deux trous à angle droit avec la ligne des premiers et opposés l’un à l’autre, chacun à une extrémité ; ces deux trous servent à le faire tourner horizontalement. En son milieu, l’artichaut est garni d’un balancier de bois mince cintré qui sert à le maintenir en équilibre pendant son mouvement. La confection de cet artifice est assez délicate ; la cartouche une fois faite comme pour les rusées volantes, mais sans étranglement, on bat de l’argile à l’extrémité tamponnée sur une hauteur égale au tiers du diamètre intérieur, on charge la composition, une nouvelle hauteur d’argile battue, puis une nouvelle quantité de composition et enfin par-dessus de l’argile sur une hauteur égale à celle battue en premier lieu. On perce alors les trous jusqu’à pénétrer un peu dans la composition et on place le balancier. L’amorçage se fait avec un long brin de mèche à étoupilles plié en deux, partant d’un des trous latéraux et allant d’un trou à l’autre pour s’arrêter au trou latéral opposé à celui par lequel on a commencé ; au milieu de la cartouche, on lie après cette mèche un bout de tube garni qu’on laisse pendre. Pour lancer l’artifice, on le pique par le trou de son milieu dans une broche verticale, les quatre trous rangés sur une même ligne et le balancier étant tourné vers la terre ; on met le feu par l’extrémité libre du tube garni. L’artichaut