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n’est pas très employé, il est inférieur comme effet à la fusée volante.L. Knab.

Bibl. : Horticulture. — Dybowski, Traité de culture potagère. — P. Joigneaux, le Potager. — Vilmorin et Cie, Plantes potagères.

ARTICLE. I. Grammaire. — Du latin articulus, grec ἄρθρον, articulation, membre. L’article est un mot qui, dans certaines langues (en général des langues indo-européennes), accompagne le substantif ou une expression employée substantivement pour marquer que l’étendue donnée à sa signification est déterminée. Etant donné qu’on entend par étendue d’un substantif la totalité des individus qu’il désigne, on conçoit que cette détermination peut être laite de deux manières : 1° Ou bien la signification du substantif est restreinte à une portion déterminée de son étendue, et alors le substantif est employé soit d’un ou de plusieurs individus de l’espèce, soit d’une ou de plusieurs espèces du genre ; 2° ou bien la signification du substantif est prise dans la totalité de son étendue, ce qui a lieu lorsqu’il désigne dans son entier l’espèce ou le genre qu’il signifie. En règle générale, l’article est alors employé, sans cependant marquer cette différence, qui ne peut être reconnue qu’au sens de la phrase. Le substantif est dans le premier cas lorsqu’il désigne un objet connu généralement, ex. : Le ministère, le gouvernement ; ou un objet mentionné antérieurement, ex. : Une fable avait cours… voici la fable (La Fontaine, Fabl. IV, 12) ; ou lorsqu’il est accompagné d’un adjectif ou d’une proposition ayant la valeur d’un adjectif, ex. : Le peuple français, la ville que j’habite. Dans le second cas, le substantif est tantôt au singulier, et il exprime qu’on prend un individu pour type de l’espèce, ex. : La plante vit ; tantôt au pluriel, et alors il désigne tous les individus de l’espèce ou toutes les espèces du genre, ex. : Les plantes vivent. Cet usage de l’article avec le substantif, tel qu’on vient de le voir pour le français, a lieu également dans les autres langues qui le possèdent ; en outre chaque langue, suivant son génie propre, a ses emplois particuliers de l’article, soit avec le substantif, soit avec les expressions employées substantivement. En français les noms propres de personnes ne prennent pas l’article, sauf lorsqu’ils sont pris comme types d’un genre ou dans un sens emphatique (l’article est alors ordinairement au pluriel avec le nom au singulier), ou qu’ils sont précédés d’un adjectif ; les noms de peuples et de familles au pluriel sont toujours précédés de l’article ; les noms de fleuves, de montagnes, de provinces, d’états, prennent généralement l’article, qui se trouve dans ce cas souvent supprimé devant la préposition de marquant la provenance. On dit le Tasse, f Arioste, à l’imitation des Italiens qui mettent l’article devant leurs noms propres ; on dit même le Poussin, bien que ce soit un nom français ; mais on ne doit pas dire le Dante, l’usage italien n’admettant l’article qu’avec le nom de famille. L’article peut aussi précéder les noms d’actrices et de cantatrices célèbres ; mais son emploi avec les noms de femmes appartient plutôt au parler populaire et indique le plus souvent une nuance de dénigrement. Joint aux noms de nombre, l’article exprime une idée d’approximation : Vers les dix ou douze ans ; sur les quatre heures. Il sert enfin à indiquer certains autres rapports entre le substantif qu’il accompagne et une autre idée exprimée ou implicitement contenue dans la proposition : un rapport de possession, avec les parties du corps : Il s’est coupé le doigt ; de distribution : Etoffe de deux francs le mètre ; de la partie au tout, dans l’expression des fractions : Les trois quarts. Avec un substantif au singulier ou au pluriel désignant le genre, l’ancienne langue française supprimait très souvent l’article ; cet usage s’est conservé dans le style marotique, dans les locutions proverbiales et dans les énumérations : Pauvreté n’est pas vice ; — Femmes, moines, vieillards, tout était descendu (La Fontaine, Fabl., VII, 7). — L’usage de l’article avec les autres parties du discours varie également suivant chaque langue ; mais comme alors le mot ainsi construit est employé substantivement, ce qu’indique la présence de l’article, chaque cas particulier peut se ramènera l’une des règles générales signalées plus haut. Dans notre langue, l’article s’emploie avec des adjectifs, des mots invariables, des infinitifs. L’adjectif accompagne de l’article s’applique généralement à des personnes et désigne tant au singulier qu’au pluriel le genre dans son entier : Le lâche est méprisable ; quelques adjectifs prennent alors le sens abstrait et sont équivalents à un neutre ; comparez par exemple le beau, le vrai avec le grec τὸ καλόνη, τὸ ἀληθές ; mais cet usage est restreint à certains adjectifs, bien que théoriquement il puisse être général. Avec un adjectif au singulier, plus rarement au pluriel, l’article désigne fréquemment un individu déterminé : Le cruel n’a plus rien qui l’arrête (Racine, Britann., V, 7) ; alors il a souvent la valeur du pronom démonstratif. Uni à l’adjectif précédé de plus, l’article forme le superlatif dit relatif ; il varie suivant les règles de l’accord lorsqu’on établit une comparaison avec d’autres objets de la même espèce, tandis qu’il reste invariable sous la forme le quand la comparaison s’applique non à d’autres objets, mais à la qualité même signifiée par l’adjectif ; ex. : C’est maintenant que ces gens sont les plus heureux, c.-à-d. plus heureux que les autres ;… le plus heureux, c.-à-d. plus heureux qu’ils n’ont été ou ne seront. — Devant certains adverbes que l’usage fait connaître, l’article est toujours au masculin et a la valeur d’un neutre ; il en est de même avec quelques infinitifs également déterminés par l’usage. — L’article s’emploie, en français, devant le substantif précédé de la préposition de et pris dans un sens partitif, soit seul, soit suivi d’un adjectif ; si au contraire l’adjectif précède, l’article n’est pas employé, excepté lorsque l’adjectif est considéré comme ne formant qu’un seul mot avec le substantif ; ici encore l’usage intervient pour régler cet emploi, qui était beaucoup plus restreint dans l’ancienne langue. — L’article doit être répété devant chaque substantif, sauf dans certaines locutions comme : les frères et sœurs ; de même devant les adjectifs, excepté lorsqu’ils sont unis par une conjonction et se rapportent au même objet ; mais il se répète si les adjectifs désignent différentes espèces du genre exprimé par le substantif.

Dans sa forme, l’article n’est autre chose qu’un pronom démonstratif ; pouf* ne donner que quelques exemples, l’article grec ὁ, ἡ, τό répond exactement, quant à la forme, au démonstratif sanskrit sa, sa, tad, et il n’est guère employé qu’avec cette valeur dans la langue homérique. Les formes de l’article allemand der, die, das, servent également pour signifier le pronom démonstratif. Enfin les langues romanes ont tiré leur article du même pronom latin, Me, Ma ; en Sardaigne, où ce mot n’a pas la même origine, c’est encore un pronom, ipse, qui a donné les formes so, sa de l’article. Cette extension du pronom démonstratif se trouve déjà dès la fin du vn e siècle dans d’anciennes chartes écrites en latin, où Me, ipse sont employés avec le sens de l’article. Il faut remarquer qu*en français en particulier, l’article s’est formé en dérogeant à la règle de la persistance de la syllabe frappée de l’accent en latin ; mais M. G. Paris a justement observé que dans la langue des comiques latins la première syllabe de Me, Ma était comptée comme brève, que ces mots peuvent être même regardés comme enclitiques (ellum pour en illum), et que par conséquent l’accent ne portait pas sur il, sans quoi cette syllabe n’aurait pu être ni abrégée, ni supprimée en composition ; il n’est donc pas surprenant que le français n’ait gardé que la dernière syllabe. Les formes ordinaires de l’article sont en ancien français : au masculin, sujet : li sing. et plur. ; régime : le sing., les plur. ; au féminin, sing. la, plur. les pour les deux cas. Depuis le xiv e siècle, la distinction du sujet et du régime ayant disparu, ces formes sont : masc. le, fém. la ; plur. les pour les deux genres. Devant une voyelle ou un h muet, l’article perd sa voyelle au singulier ; on le nomme article élidé. Combiné avec les prépositions de et à, l’article masculin,