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Palmas et qui a le rang de général de brigade. C’est aussi dans cette ville que résident l’ingénieur en chef des ponts et chaussées et la cour d’appel (audiencia) ; c’est là qu’était le siège de l’évêché. Aujourd’hui, la province est divisée en deux évéchés : l’un des titulaires continue à vivre à Las Palmas, la seule ville qui possède une cathédrale ; le second à sa résidence à La Laguna, dans l’Ile de Ténériffe. Tous les services de l’Etat ont des délégués dans l’archipel ; un seul rameau du département des finances fait exception : c’est la douane. Les ports canariens sont, en effet, affranchis des droits de cette catégorie. Les Iles Canaries envoient à Madrid leurs sénateurs et leurs députés (diputados d Cartes) ; elles nomment leurs conseillers généraux (diputados provinciales), qui se réunissent à Sainte-Croix de Téuéntle.

L’archipel est un pays pauvre. L’absence totale de mines et d’industrie le prive de sources importantes de revenus. Malgré la fertilité exceptionnelle du sol, la fréquence des grandes sécheresses jointe à la faible superficie des terrains susceptibles d’être mis en culture et aux procédés primitifs employés par les paysans permettent à peine aux Canaries de produire la quantité de céréales nécessaire à l’alimentation de leurs habitants. Les lruits se récoltent en plus grande abondance et on exporte déjà des figues, des amandes, des oranges, des bananes. Cette branche de commerce est susceptible d’une grande augmentation, et on commence à y joindre le trafic des primeurs. Le produit qui naguère donnait les plus beaux résultats, était la cochenille. En 1881, il en a encore été embarqué 6 millions de kilogr. Le bas prix auquel elle est tombée aujourd’hui (0 fr. 94 la livre) tend à la faire délaisser complètement. On remplace les nopals, qui servaient à cet élevage, par de la canne à sucre, du tabac et de la vigne. La canne ne peut être cultivée que dans les endroits irrigués ; le tabac est d’une excellente qualité, mais d’un débouché assez difficile. Aussi ces deux produits ne permettent-ils pas de fonder sur eux de très grandes espérances. La vigne, au contraire, donne ces excellents vins secs ou doux (muscat et malvoisie) qui sont, à juste titre, considérés comme les meilleurs vins de dessert connus. Mais les Canariens ne doivent pas compter sur une culture unique ; ce n’est qu’en améliorant leurs procédés agricoles qu’ils pourront récolter en assez grande quantité les produits si variés qui poussent dans leur pays pour en faire un commerce d’exportation. L’industrie de la pêche est également appelée à un avenir dans ces parages si poissonneux. Et, aujourd’hui, des débouchés s’offrent de plus en plus faciles. Grâce aux nombreuses lignes de paquebots qui touchent aux Canaries, grâce au télégraphe qui les relie à l’Europe, ces lies sont en communication constante avec l’ancien et le nouveau monde. Dans les huit premiers mois de l’annéel 888, il est entré 478 navires à vapeur dans la rade de Sainte-Croix de TénériBe et 637 dans le port de Las Palmas. La prépondérance qu’a acquise cette dernière ville tient au magnifique port de refuge qu’on construit dans la baie de La Lui, port qui abrite, depuis un an, les navires du plus fort tonnage. Ce mouvement considérable assure, dorénavant, un débouché certain aux productions des lies. Il devient facile d’amener les produits dans les ports d’embarquement : pour remplacer les périlleux sentiers d’autrefois, on construit des routes et, depuis le mois d’août, des navires à vapeur, bien aménagés, remplacent les affreuses goélettes qui faisaient seules le service interinsulaire. Le commerce d’exportation devant fatalement augmenter dans une proportion notable, on doit s’attendre à voir se développer, dans les mêmes proportions, celui d’importation. Il s’est élevé, dans ces dernières années, au chiflre moyen de 10 millions de francs environ ; il consiste en charbon, en étoffes, en articles de modes et de toilette et en objets manufacturés de toutes sortes. Puissent les Français ne pas laisser échap per ce commerce, naguère concentré entre leurs mains !

D r l. Vekneau.

Bikl. : P. Boni ier et J. lu Verrier, Histoire de la première descouoerte et conqueste des Canaries, fuite Ups l’an l’i02 par messire Jean de Betkencourt ; Paris, MDCXXX, iu-8. — J. de Viera y Clavijo, Nolicias de la Historia gênerai de las lslas Canarias ; Madri i, 1772, in-4, et Santa-Cruz de’J’en ril’e, 1872, 4 vol. in-8. — J. Bory de Saint-Vincent, Essai sur les lies Fortunées et l’antique Atlantide ; Paris, germinal au XI, in-i. — L. de Buch, Description physique des des Canaries, trad. de l’allemand par C. Boulanger ; Paris, 1S36, in-S. — P. Barker Weiib et S. Berthelot, Histoire naturelle des des Canaries ; Paris, 1836-50, 9 vol. gr. in-4. — J. de Abreu Galindo, Historia de la Conquista de las siete Islas de Grau Çanaria (écrite en 1632) ; La Laguna, 1818, in-8. — G. Philippe de Kerhallet et A. le Gras, Madère, les des Salvages et les des Canaries ; Paris, 1808. in-8. — G. Ciiil y Naranjo, Estudios histôricos, climatôlogicoK y patologicos de las lslas Canarias (première partie) ; Las Palmas de Gran-Canaria, 1876, in-4. — S. Calderon y Arana, Fteseùa de las rocas de la Gran Canaria ; Madrid, I87G, in-8. — A. Millares, Historia gênerai de las lslas Canarias ; Las Palmas, 1882, in-8. — D r K. Verneau, Rapport sur une mission scientifique dans Varchipel Canarien ; Paris, 1887, in-8. — Du même, Cinq années de séjour aux des Canaries ; Paris, 1889.

CANARIS (Constantin), célèbre marin grec, né dans l’île d’Ipsara en 1790, mort le 13 sept. 1877. Il était capitaine d’un petit navire de commerce quand éclata l’insurrection qui devait délivrer la Grèce. Canaris figure au premier rang des héros qui affranchirent leur patrie, autant par leurs exploits que par l’enthousiasme et la sympathie qu’ils excitèrent dans l’Europe chrétienne. Il débuta en lançant deux brûlots sur la flotte turque, qui venait de réduire l’île de Chio, et en faisant sauter le navire amiral (nuit du 18-19 juin 1822). Le 22 nov. 1822 il brûlait de nouveau à Tenedos le navire amiral ottoman. Ses compatriotes d’Ipsara lui décernèrent une couronne de laurier. En 1824, l’île d’Ipsara tomba au pouvoir des Turcs ; Canaris continua de déployer son audace sous les ordres de Miaulis. Après divers échecs, il brûla à Samos une frégate et des transports (17 août 1824), puis une corvette dans le port de Metelin (oct. 1824). En 1825, il essaya d’incendier la flotte égyptienne, réunie dans le port d’Alexandrie, afin de porter en Morée les troupes de Mehemet-Ali. Le vent contraire rejeta ses brûlots en pleine mer où ils se consumèrent inutiles. En 1826, on confia à Canaris la frégate Hellas ; en 1827 il fut élu député d’Ipsara à l’Assemblée nationale hellénique. Il s’attacha à Capo d’Istria, qui le nomma commandant de la place de Monembasia, puis d’une escadre. Après l’assassinat de Capo d’Istria, il se retira à Syra. Le roi Otton le nomma capitaine de vaisseau de première classe, puis sénateur (1847). Il fut ministre de la marine et président du conseil de 1848 à 1849, et de nouveau ministre de la marine de mai 1854 à mai 1855. En 1857, le roi Otton chercha à le gagner, mais sans y réussir. En janv. 1862, Canaris redevint président du conseil. Son programme comportait la dissolution de la Chambre, la formation d’une garde nationale et la désignation d’un successeur au roi. Il dut se retirer ; en octobre il s’associa à l’insurrection qui renversa le monarque impopulaire. Il siégea dans le gouvernement provisoire, fut l’un des députés qui allèrent à Copenhague offrir la couronne au prince Georges. Il présida le premier ministère du nouveau roi (1864-65) et se retira bientôt avec le grade de vice-amiral et le titre d’inspecteur général de la flotte. En juin 1877, les partis réconciliés pour une action patriotique commune au moment de la guerre russo-turque, appelèrent Canaris à la présidence d’un cabinet de coalition où il occupa le ministère de la marine.

CANARIUM. I. Malacologie. — Genre de Mollusques-Gastéropodes-Prosobranches-Tænioglosses, institué par Schumacher en 1817 pour une coquille à spire peu allongée, un peu aiguë ; ouverture étroite, entière postérieurement et retrécie, terminée par un canal court ; le bord externe tranchant, bordé extérieurement, non dilaté, strié à l’in-