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aux armes d’un prince de la maison d’Anhalt-Coëthen.

» Ah ! monsieur, ne remuons pas une cendre encore inassoupie ! Elisabeth n’est plus qu’une Béatrix à la robe assurée. Elle est morte, monsieur, morte ! et voici l’eucologe où elle épanchait sa timide prière, la rose où elle a exhalé son âme innocente. — Fleur desséchée en bouton comme elle ! — Livre fermé comme le livre de sa destinée ! — Reliques bénies qu’elle ne méconnaîtra pas dans l’éternité, aux larmes dont elles seront trempées, quand la trompette de l’archange ayant rompu la pierre de mon tombeau, je m’élancerai par-delà tous les mondes jusqu’à la vierge adorée, pour m’asseoir enfin près d’elle sous les regards de Dieu !…

— Et l’art, lui demandai-je ?

— Ce qui dans l’art est sentiment était ma douloureuse conquête. J’avais aimé, j’avais prié. GottLiebe, Dieu et Amour ! — Mais ce qui dans l’art est idée leurrait encore ma curiosité.