Page:Bertrand, Gaspard de la nuit, 1920.djvu/18

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— dans les basternes, dans des litières, à cheval, sur des mules, sur la haquenée de saint François. — Et comment douter de cette résurrection ? Voici flotter aux vents l’étendard de soie, moitié vert, moitié jaune, broché des armoiries de la ville qui sont de gueules au pampre d’or feuillé de sinople [9].

« Mais quelle est cette cavalcade ? c’est le duc qui va s’ébattre à la chasse. Déjà la duchesse l’a précédé au château de Rouvres. Le magnifique équipage et le nombreux cortège ! Monseigneur le duc éperonne un gris pommelé qui frissonne à l’air vif et piquant du matin. Derrière lui caracolent et se pavanent les Riches de Châlons, les Nobles de Vienne, les Preux de Vergy, les Fiers de Neuchâtel, les bons Barons de Beaufremont. — Et ces deux personnages qui chevauchent à la queue de la file ? Le plus jeune, que distinguent son juste-au-corps de velours sang-de-bœuf et sa marotte grelottante, s’égosille de


9. ↑ Telles auraient été, suivant Pierre Paillot, les anciennes armoiries de la commune de Dijon ; mais l’abbé Boulemier (Mém. de l’acad. de Dijon, 1771) a prétendu qu’elles n’étaient que de gueules plein. Ces deux savants ne feraient-ils pas confusion de temps, et les armoiries de Dijon n’auraient-elles pas été de gueules plein avant de porter au pampre d’or feuillé de sinople ? C’est ce que je n’ai pas le loisir d’examiner ici.