Page:Bertrand, Gaspard de la nuit, 1920.djvu/22

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Louis XI l’avait découronnée de sa puissance, la révolution l’a décapitée de ses clochers. Il ne lui reste plus que trois églises, de sept églises, d’une sainte chapelle [12], de deux abbayes et d’une douzaine de monastères. Trois de ses portes sont bouchées, ses poternes ont été démolies, ses faubourgs ont été rasés, son torrent de Suzon s’est précipité aux égouts, sa population a secoué ses feuilles, et sa noblesse est tombée en quenouille. — Hélas ! on voit bien que le duc Charles et sa chevalerie parties, — il y aura bientôt quatre siècles [13] — pour la bataille, n’en sont pas revenus.


12. ↑ Elle n’a pas plus échappé que la Chartreuse et tant d’autres chefs-d’œuvres à la fureur des réactions. On n’en a pas laissé pierre sur pierre. Cette sainte chapelle, élevée par le duc Hugues III au retour de la croisade, vers 1171, était riche de mille objets d’art et de piété. Que sont devenus, par exemple, ses vitraux et ses statues historiques ; cette boiserie de chœur où étaient appendues les armoiries des trente-et-un premiers chevaliers de la Toison d’Or institués par Philippe-le-Bon ; le beau vaissel où l’on conservait une hostie miraculeuse et sur lequel brillait, aux jours de fêtes, la couronne d’or que le roi Louis XII, relevant d’une dangereuse maladie, en 1505, avait envoyée au chapitre par deux hérauts ? — Le temps a fait un pas et la terre a été renouvelée, dit quelque part M. de Chateaubriand. 13. ↑ Charles-le-Téméraire, dernier duc de Bourgogne, fut tué à la bataille de Nancy, le dimanche 5 janvier 1476.