Page:Bethléem - Romans à lire et romans à proscrire, 7e éd.djvu/175

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Il a idéalisé délicieusement la vie de famille dans le grand monde ; il a dépeint, avec une psychologie profonde et dans des types fascinants, les élégances raffinées, la corruption galante, les afféteries musquées d'un monde que Balzac appelait brutalement sa « ménagerie aristocratique », et enfin le cœur de la femme.

Ses thèses sont d’une morale assez sûre, quoique un peu flottante et facile : cependant ses livres sont généralement dangereux, parce qu’ils font beaucoup rêver et respirent un parfum de péché.

M. de Camors (athéisme raffiné ; tissu d'infamies ; montre que l'avilissement moral rend la vie insupportable) ; Julia de Trécœur (malsain par son sujet et les situations) ; La veuve (inférieur comme style et action) se terminent tous trois par un suicide. Honneur d’artiste tend même à le légitimer. D’autres ne le flétrissent pas assez ou nous le présentent comme l’unique solution de situations inextricables. Les amours de Philippe, broderie ravissante sur un rien et l’Histoire d’une Parisienne, défilé de brillantes turpitudes, sont scabreux et dangereux.

L’histoire de Sybille est presque totalement inoffensive, bien que le directeur de l’héroïne soit un peu gauche. Nous en dirions volontiers autant de La Morte où il soutient la même thèse, à savoir que les époux, pour être heureux, doivent avoir les mêmes convictions religieuses.

Quant à ceux-ci : Le roman d'un jeune homme pauvre ; Charybde et Scylla ; La partie de Dames ; Le village ; L’ermitage, ils peuvent être lus par des jeunes gens formés.


Mme Octave Feuillet (1832-1906), est moins connue pour ses romans que pour ses deux volumes de mémoires. Les uns et les autres empruntent une grande partie de leur valeur à l’illustre écrivain qu’ils rappellent.