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Page:Bibaud - Histoire du Canada sous la domination française, Vol 1, 1837.djvu/277

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feignirent d’abord de se retirer en effet ; mais au lieu de le faire, ils se hâtèrent d’achever le fort qu’ils avaient commencé, et qu’ils avaient appellé, ou qu’ils appelèrent alors, Necessity (de la Nécessité).

Cependant, M. de Contrecœur ignorait si les Anglais s’étaient retirés, ou non : pour s’en assurer, il fit partir M. de Jumonville, jeune officier de mérite, accompagné de trente hommes, avec ordre de découvrir si les Anglais étaient encore sur les terres de la France, et s’il les y rencontrait, de faire à leur commandant une seconde sommation de se retirer.

Jumonville était encore à une certaine distance du fort Necessity, lorsque, tout-à-coup, il se vit environné d’Anglais, qui firent sur lui un feu terrible. Il fait signe de la main au commandant, montre ses dépêches et demande à être entendu. Le feu cesse alors ; il annonce son caractère et sa qualité d’envoyé, et commence à lire la sommation dont il est porteur ; mais à peine était-il à la moitié de la lecture, que les Virginiens recommencèrent à tirer sur lui, très probablement, sans l’ordre de leur commandant, qui était le colonel Washington, devenu, depuis, si célèbre. Jumonville et une partie de ses gens furent tués, et les autres furent faits prisonniers, à l’exception d’un seul, qui se sauva, et vint apporter au fort Duquesne la nouvelle de ce désastre.

M. de Contrecœur assembla aussitôt les officiers de la garnison, et les Sauvages des environs, et leur raconta ce qui venait de se passer. Tous se montrèrent indignés de la conduite des Anglais, et furent d’avis qu’il fallait aller, sans perte de temps, investir le fort Necessity. Une partie de la garnison et quelques centaines