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de Sauvages furent mis sous les ordres de M. de Villiers, frère de Jumonville. Cette petite armée se mit aussitôt en marche, arriva au fort Necessity, et l’investit, dans l’intention de le prendre à l’assaut, s’il ne se rendait pas, à la première sommation. Les Anglais n’attendirent pas l’attaque : n’espérant point de quartier, si leur fort était emporté de vive force, ils se hâtèrent de capituler, et se rendirent prisonniers de guerre[1]. Quoique parti pour venger la mort de son frère, de Villiers se conduisit avec une modération qui lui fit le plus grand honneur. Cette affaire eut lieu au commencement de juin 1753.

L’Angleterre n’eut pas plutôt appris ce qui s’était passé, sur les bords de l’Ohio, qu’elle résolut de faire les plus grands efforts pour chasser les Français des postes qu’ils occupaient dans ces quartiers. Non seulement elle donna ordre aux gouverneurs de ses colonies de repousser la force par la force ; elle fit encore passer plusieurs régimens d’Irlande en Amérique, pour les mettre en état d’agir sur l’offensive. La France, qui regardait sa rivale comme ayant été l’aggresseur, dans l’affaire de Jumonville, et qui prévoyait que la paix ne pouvait pas se prolonger encore bien longtemps, se prépara, de son côté, à soutenir la guerre, en Amérique, et fit partir de Brest, sous le commandement de l’amiral Bois de la Mothe, une flotte considérable, portant plusieurs régimens de vieilles troupes, et un grand approvisionnement de munitions et d’effets militaires.

  1. Ils furent échangés, ou renvoyés, sans échange, quelque temps après ; car Washington, leur commandant, se trouve, l’été suivant, dans l’armée du général Braddock.