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Page:Bibaud - Histoire du Canada sous la domination française, Vol 1, 1837.djvu/335

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mier soin du gouverneur fut d’envoyer cinquante hommes par bataillon, pour renforcer la garnison de Québec. Le soir, il assembla un conseil de guerre, composé des commandans des différents corps, pour décider des mesures à prendre, dans les circonstances où l’on se trouvait. Sur la crainte que l’on avait que les Anglais ne marchassent au poste de Jacques-Cartier, et sur l’exposé qu’on allait manquer de vivres, il fut décidé qu’on se retirerait, à l’entrée de la nuit. Afin que l’ennemi ne s’apperçût pas de la retraite, et pour la faire avec moins d’embarras, attendu qu’on manquait de moyens de transport, on laissa le camp tendu, et l’on abandonna le bagage, l’artillerie, les munitions et les vivres.

Ainsi dénuée de tout, par la pusillanimité des chefs, l’armée se mit en marche, dans le plus grand silence, et passa par la Jeune et l’Ancienne Lorette, traversa la rivière du Cap Rouge, et arriva, en partie, à la Pointe aux Trembles, le 14 à midi. M. de Bougainville, chargé de faire l’arrière-garde, eut ordre de rester, ce même jour, à Saint-Augustin. Les miliciens du gouvernement de Québec se dispersèrent, pour s’en retourner chez eux : une partie de ceux des autres gouvernemens en faisaient de même ; tandis que d’autres pillaient, dans les campagnes, sans qu’il fût possible d’arrêter ce désordre.

On arriva, le 15, dans le même ordre que la veille, à Jacques-Cartier. M. de Bougainville vint à la Pointe aux Trembles, d’où il écrivit au marquis de Vaudreuil, afin de savoir s’il jugeait à propos qu’il y restât, pour observer les ennemis. Le même jour, le chevalier de Levis reçut, à Montréal, une lettre, par laquelle le marquis de Vaudreuil lui apprenait la dé-