corrigée, épurée sur les conseils des Décadents — et de leur savant porte-parole, M. Psichari…
2° M. Psichari veut être conséquent avec lui-même jusqu’au bout. Vous croyez qu’il fera grâce aux particules : me, te, se, le, ne, que, se, qui jouent un si grand rôle dans la poésie française. Les particules ne sont pourtant que des demi-muettes, quelque chose d’analogue aux désinences de tant de substantifs allemands. Muettes ou mi-muettes passent impitoyablement sous la hache de M. Psichari. Quel carnage ! quel bourreau ! Sur l’arbre du vers, dans cet abatage de bourgeons et de
feuilles, le terrible bûcheron ne fait grâce qu’à un e muet, « celui, » dit-il, « qui doit se prononcer dans le seul cas où sa disparition amènerait la rencontre de trois consonnes. » Ainsi, le vers de Hugo :
Ma fille, va prier. Vois, la nuit est venue,
Ma fill’, va prier. Vois, la nuit est v’nue.
Ainsi encore, les quatre célèbres vers de la Tristesse d’Olympio :
D’autres vont maintenant passer où nous passâmes,
Nous y fûmes heureux ; d’autres vont y venir,
Et le songe charmant que révèrent nos âmes,
Ils le continueront sans pouvoir le finir,