Page:Biographie nationale de Belgique - Tome 3.djvu/363

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

mises à la diète, s’ils n’obtenaient la satisfaction par eux prétendue. Il y avait, en outre, l’affaire du duc de Brunswick, que les protestants avaient dépouillé de ses États : l’empereur souhaitait qu’ils fussent restitués à ce prince; les protestants ne consentaient qu’à les remettre à l’empereur lui-même, et sous certaines conditions[1].

Sur ces entrefaites, un courrier expédié de Rome apporta au nonce accrédité à la cour impériale des dépêches d’une haute importance. C’était le 23 juin : le nonce, sans perdre de temps, en donna connaissance à l’empereur. Paul III offrait à Charles, s’il voulait faire la guerre aux protestants, deux cent mille écus pour les préparatifs de l’expédition et un corps auxiliaire de douze mille hommes de pied et cinq cents chevaux qui serait à la solde du saint-siége; il mettait, en outre, à sa disposition les demi-fruits des revenus ecclésiastiques de tous ses royaumes et le pouvoir de vendre les seigneuries et vassaux des monastères, moyennant une compensation à leur donner en rentes. De telles offres étaient faites pour exciter au plus haut point l’attention de l’empereur; elles donnèrent lieu à de longues délibérations dans le sein de son conseil. Charles en communiqua aussi avec le roi son frère. Tous deux jugèrent que l’entreprise proposée était le seul moyen d’empêcher que la religion ne se perdît en Allemagne; mais il ne leur parut point qu’on pût y songer pour l’année qui courait; les préparatifs à faire exigeaient trop de temps et la saison était trop avancée. Charles se résolut, en conséquence, à envoyer à Rome le seigneur d’Andelot, afin d’engager le pape à remettre à l’année suivante l’exécution du dessein qu’il avait conçu, étant prêt à y concourir alors de tout son pouvoir. Le plus grand secret fut recommandé aux personnes qui avaient connaissance de cette négociation. On donna pour couleur au voyage de d’Andelot qu’il allait visiter la duchesse de Camerino, Marguerite d’Autriche, alors enceinte, de la part de son père[2].

Depuis que le comte palatin avait quitté Worms, nul autre prince allemand n’y était venu. Charles, voyant que la diète ne pouvait oboutir à aucun résultat, se détermina à la rompre. Le recez souffrit quelques difficultés, à cause de l’opposition des catholiques; mais enfin il fut lu le 4 août. L’empereur y déclarait que, l’absence des principaux membres des états n’ayant pas permis à la diète de décider les affaires importantes pour lesquelles elle avait été réunie, il la transférait à Ratisbonne au jour des Trois Rois de l’année suivante. Il invitait les électeurs et les princes de la Germanie à s’y rendre en personne, va la gravité des questions qui y devaient être résolues, donnant l’assurance qu’il s’y trouverait lui-même. Comme, dans la diète qui finissait, on n’avait pu rien conclure au sujet des affaires de la religion, il annonçait qu’il serait tenu sur ces affaires un colloque par un petit nombre de personnes pieuses, savantes, éclairées, d’une bonne conscience et amies de la paix, dont les unes seraient désignées par lui, et les autres, en nombre égal, par les protestants. Il confirmait enfin les précédents recez tels qu’ils avaient été généralement admis[3].

Charles avait reçu, le 18 juillet, une nouvelle qui l’avait comblé de joie : la princesse d’Espagne était, le 8, accouchée d’un fils. Sa joie se changea en une douleur profonde, lorsque des dépêches expédiées de Valladolid vinrent lui apprendre, le 30, que la princesse était morte quatre jours après sa délivrance. Il part de Worms le 7 août, après avoir mandé à la reine Marie de faire tout préparer pour la célébration à Bruxelles des obsèques de sa belle-fille. A Cologne il a un entretien avec l’électeur. Pendant qu’il était à la diète, le chapitre de la cathédrale lui avait fait parvenir une protestation contre les entreprises de l’archevêque, qui ne tendaient à rien moins qu’à l’anéantissement du catholicisme dans sa principauté. Herman de Wied essaie de justifier sa conduite. Charles ne veut en-

  1. Trois années de l’histoire de Charles-Quint, pp. 81, 87, 88, 90.
  2. Instruction de Charles à d’Andelot du 5 juillet 1545, dans Sandoval, liv. XXVII, § II.
  3. Trois années de l’histoire de Charles-Quint, pp. 93-95. — Schmidt, t. VII, p. 201.