Page:Biographie nationale de Belgique - Tome 3.djvu/491

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

parer les funérailles de l’illustre mort : dès le matin, la grande chapelle fut tendue de noir, et l’on y éleva un catafalque où, l’apres-midi, fut placée la dépouille mortelle de l’empereur, que ses barbiers avaient ensevelie et mise en un double cercueil, l’un de plomb, l’autre de bois de chataignier. Les vêpres et les complies ayant été dites à l’accoutumée, les obsèques commencèrent; elles durèrent trois jours et se firent — ainsi l’assure du moins l’hiéronymite, auteur de la relation que nous avons déjà citée avec autant de majesté et d’autorité qu’elles auraient pu être faites dans la cathédrale de Tolède[1]. L’archevêque officia, assisté du père prieur, fray Martin de Angulo, et de fray Juan Regla; les moines de deux couvents qu’il y avait à Jarandilla, ainsi que les prêtres de Cuacos, vinrent se joindre aux religieux du monastère; les trois prédicateurs de l’empereur firent alternativement des sermons appropriés à la circonstance. Lorsque ces solennités eurent été accomplies, que l’archevêque fut parti, les moines des couvents voisins et les prêtres de Cuacos retournés chez eux, les religieux de Yuste continuèrent encore pendant six jours les chants et les oraisons funèbres[2]. Charles-Quint avait ordonné, dans son codicille, que son corps fût déposé en l’église de Yuste, en laissant au roi son fils à décider si, comme il en avait le désir, on l’enterrerait là. Le 23 septembre, quoique les obsèques ne dussent se terminer que le lendemain matin, les exécuteurs testamentaires, d’accord avec l’archevêque, jugèrent convenable de faire transporter le cercueil où étaient renfermés les restes de l’empereur, dans la cavité du maître-autel qui avait été appropriée à cette destination. Le prieur et deux religieux députés par le couvent le reçurent en dépôt. Un acte public fut dressé de ce dépôt en présence et à l’intervention de Pedro Zapata Osorio, corregidor de la ville et du territoire de Plasencia. Suivant l’usage, le cercueil avait été préalablement ouvert et les traits de l’empereur avaient été reconnus par tous les assistants. Le corps de Charles-Quint demeura en l’église du monastère de Yuste jusqu’au mois de janvier 1574, où, par ordre de Philippe II, l’évêque de Jaen et le duc d’Alcalá vinrent l’en retirer, pour le conduire au Panthéon de l’Escurial[3].

De son mariage avec la princesse Isabelle de Portugal Charles-Quint eut trois fils et deux filles. Les fils furent : 1° Philippe, né à Valladolid le 21 mai 1527 et qui lui succéda de son vivant, ainsi qu’on l’a vu; 2° Ferdinand, né en 1530, mort l’année suivante; 3° Jean, né en 1537, mort aussi en bas âge. L’impératrice, en 1534, était accouchée, avant terme, d’un fils qui ne vécut pas. Nous avons rapporté comment, le 21 avril 1539, à Tolède, elle donna le jour à un autre fils, mort en naissant, et qui coûta la vie à sa mère. Les filles de Charles-Quint furent : 1° Marie, née à Madrid le 21 juin 1528. Elle épousa, à Valladolid, le 18 septembre 1548, son cousin l’archiduc Maximilien, depuis roi de Bohême et empereur. Ayant perdu son époux en 1576, elle revint en Espagne cinq ans après. Elle mourut à Madrid le 26 février 1603. 2° Jeanne, née à Madrid le 23 juin 1535, morte à l’Escurial le 7 septembre 1573. Elle avait épousé, en 1553, l’infant don Juan, héritier de la couronne de Portugal; ce prince la laissa veuve le 2 janvier de l’année suivante : dix-huit jours après, elle mit au monde un fils, qui fut le roi don Sébastien. La même année elle retourna en Espagne, dont l’empereur lui confia le gouvernement; elle l’exerça jusqu’en 1559.

Charles-Quint laissa deux enfants naturels : 1° Marguerite, qu’il eut en 1522 de Jeanne Vander Gheynst, fille d’un ouvrier en tapisserie des environs d’Audenaerde. Il la fit élever à la cour de l’archiduchesse Marguerite, sa tante, et la ma-

  1. « .....Con tan grande magestad y autoridad como se pudieran hacer en la yglesia de Toledo..... »
  2. Retraite et mort, etc., t. I, pp. 402, 412, 416; t. II, pp. 49-56, 502.
  3. Sandoval, t. II, p. 638. — Retraite et mort, etc., t. I, p. 388; t. II, pp. 55, 57-65.