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513 GUILLAUME I"

L’un et l’autre auraient voulu concentrer les forces des alliés dans la Ilesbaye et livrer une seconde bataille de Neerwinden. Mais les Impériaux poursuivirent leur retraite vers la Meuse et le Rhin. Devenus maîtres de laBelgique, les Français menacèrent bientôt les Provinces-Unies. Au cœur de l’hiver, Pichegru envahit la Hollande et, lel7 janvier 1795, le stalhouderet sa famille s’embarquent à Scheveningen sur des bateaux pêcheurs qui les conduisent en Angleterre. En 1799, l’héritier des Nassau, avec l’appui de la Grande-Bretagne, tenta vainement d’affranchir les anciennes Province.s-Unies. » La flotte du Texel, « dit un contemporain, arbora le pavil- " Ion orange ; une partie de l’armée se » rangea sous les drapeaux du prince » héréditaire, mais la masse de la nation, " surprise des fausses opérations du duc " d’York, attendit l’événement. « Quand les mémorables victoires de Bonaparte eurentconsolidé la suprématie française, la maison de Nassau fit valoir les droits que lui donnait le traité de Lunéville sur les biens sécularisés des anciens princes ecclésiastiques du Rhin. Le 35 février 1802, l’héritier des anciens stathouders, qui avait pris le nom decomte de Biet :, est reçu par le premier consul, et le 24 mai suivant, la maison d’Orange reçoit, à titre de dédommagement, Fulde, Dortmund, etc. Guillaume V ayant cédé ces anciens domaines ecclésiastiques à son fils, celui-ci fixe sa résidence à Pulde. Dans l’administration de son petit Etat, il se montre laborieux, équitable, mais obstiné dans ses opinions : son entêtement passe dès lors en proverbe. Après la mort de Guillaume V, survenue le 9 avril 1806, le prince héréditaire prit également possession des pays de Nassau ; mais ce ne fut pas pour longtemps : Napoléon l’écarta de la confédération du Rhin et le dépouilla de tous ses Etats. Si Guillaume avait voulu briser les liens qui l’attachaient à la Prusse, il aurait obtenu des compensations dans la Hesse et en Franconie ; non seulement il demeura inébranlable, mais il prit part à la lutte inégale qui se termina à léna. Fait prisonnier à Erfurt, deux jours après ce terrible désastre, il obtint du général Clarke la permission de se retirer sur parole et de rejoindre la princesse sa femme à Berlin. Il chercha ensuite un refuge au delà de l’Oder et, pendant quelque temps, il vécut en simple particulier, occupé surtout de l’éducation de ses deux fils. En 1809, nous le voyons au service de l’Autriche, donnant dans les champs de Wagram de nouvelles preuves de bravoure. L’Autriche vaincue, il riloiinic ;! i« riiu, et, jusqu’en 181.3, sa vie tuujuurs ai ;ilue se partagea entre l’Allemagne et l’Angleterre. Le prince d’Orange était à Londres lorsque, en 1813, le peuple hollandais se souleva contre la domination française. Déjà Guillaume était préparé à cette heureuse révolution qui, après di.x-neuf ans d’exil, allait lui ouvrir sa patrie. En relations avec lord Castlereagh, il savait que ce ministre désirait ardemment le rétablissement des Nassau avec une constitution plus monarchique. Aussi, malgré son vif désir de se trouver au quartier général des alliés, le prince avait-il renoncé au projet de se rendre en Allemagne, et il était resté à Londres, oii le retenaient, selon son expression, des " intérêts plus majeurs. «  Répondant au message du gouvernement provisoire qui s’était constitué à La Haye, il annonça, le 22 novembre, sa prochaine arrivée. Quatre jours après, il s’embarquait à Deal, sur le JFarrior, et arrivait le 30 devant Scheveningen. Des patriotes enthousiastes se précipitaient dans l’eau pour accueillir l’exilé, et ce ne fut qu’avec difficulté qu’il put atteindre le rivage. Les dunes étaient couvertes de spectateurs, et les cris de Oranje hoi-en ! retentissaient sans cesse, accompagnés de démonstrations de joie qui approchaient quelquefois de la frénésie. Guillaume fit une entrée vraiment triomphale dans La Haye. Le lendemain, s’adressant au peuple, il disait, dans une proclamation : » Je suis venu parmi vous, déterminé à » pardonner et à oublier tout le passé. « Notre seul objet doit être de panser " les plaies de notre pays et de lui ren- " dre son rang et sa splendeur parmi