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Page:Bird - Voyage d’une femme aux Montagnes Rocheuses, 1888.pdf/76

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VOYAGE D'UNE FEMME

grande descente. Mrs Chalmers fut bien vite jetée à bas de son cheval, et la peur et la mortification lui firent répandre des larmes. Peu après, la sangle de la mule se rompit, et comme elle n’avait pas de croupière, la selle avec tout le reste passa par-dessus la tête de Chalmers, et la farine se dispersa sur le sol. Puis, ce fut le tour de la sangle du cheval de sa femme, et la malheureuse fut projetée par-dessus sa bête. Il se mit alors à aider maladroitement, en injuriant l’Angleterre pendant tout ce temps, tandis que j’assujettissais la selle et dirigeais la bande vers une issue du parc. Là, nous fîmes du feu, et notre repas se composa de pain et de lard. Nous avons ensuite passé deux heures à chercher de l’eau, et n’avons trouvé qu’un trou boueux, foulé et souillé par des centaines de pieds d’élans, de daims, d’ours, de chats et d’autres bêtes : il ne contenait que quelques gallons d’une eau aussi épaisse que de la purée de pois, avec laquelle nous avons abreuvé les chevaux et fait du thé très-fort.

Le soleil se couchait dans toute sa gloire, au moment où nous nous mettions en route pour la course de quatre heures qui nous ramenait à la maison. Il gelait très-fort, le froid faisait péniblement souffrir nos membres contusionnés et écorchés. J’étais peinée pour Mr Chalmers qui était tombée plusieurs fois et supportait ses maux avec patience. Elle avait, dans une bonne intention, dit à plusieurs reprises à son mari : « Je suis vraiment fâchée pour cette femme de tout ce qui arrive. » J’étais si fatiguée des faux pas de mon cheval aussi bien qu’engourdie par le froid, que je marchai pendant les deux dernières heures. Chalmers, comme