Page:Blanc - Histoire de dix ans, tome 1.djvu/113

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Les fondateurs de la charbonnerie avaient compté sur l’appui des troupes. De là l’organisation double donnée à la charbonnerie. Chaque vente fut soumise à une hiérarchie militaire, parallèle à la hiérarchie civile. À côté de la charbonnerie de la haute vente, des ventes centrales, des ventes particulières, il y eut la légion, les cohortes, les centuries, les manipules. Quand la charbonnerie agissait civilement, la hiérachie militaire était comme non avenue ; quand elle agissait militairement, au contraire, la hiérachie civile disparaissait. Indépendamment de la force qui résultait du jeu de ces deux pouvoirs et de leur gouvernement alternatif, il y avait dans les doubles dénominations qu’ils nécessitaient un moyen de faire perdre à la police les traces de la conspiration.

Les devoirs du charbonnier étaient d’avoir un fusil et cinquante cartouches, d’être prêt à se dévouer, d’obéir aveuglément aux ordres de chefs inconnus.

Ainsi constituée, la charbonnerie s’étendit en fort peu de temps dans tous les quartiers de la capitale. Elle envahit toutes les écoles. Je ne sais quel feu pénétrant circula dans les veines de la jeunesse. Chacun gardait le secret, chacun se montrait dévoué. Les membres de chaque vente se reconnaissaient à des signes particuliers, et on passait des revues mystérieuses. Des inspecteurs furent chargés, dans plusieurs ventes, de veiller à ce que nul ne se dispensât d’avoir des cartouches et un fusil. Les affiliés s’exerçaient