Page:Blanc - Histoire de dix ans, tome 1.djvu/118

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dont on attendait la présence sur le théâtre de l’insurrection, un seul se mit en route, le général Lafayette. Mais un devoir de famille qu’il avait toujours rempli religieusement et auquel il ne voulut pas manquer, le retint quelques heures de trop dans sa maison de campagne de Lagrange. Le 1er janvier 1822, à quelques lieues de Béfort, la chaise de poste qui transportait le général et son fils, fut rencontrée par une voiture où se, trouvaient MM. Corcelles fils et Bazard. « Eh bien ! quelles nouvelles ? – Tout est fini, général, tout est perdu. » Lafayette, désespéré, changea de route, pendant que, pressés d’avertir leurs amis de Paris, MM. Corcelles fils et Bazard se faisaient emporter vers la capitale par des chevaux de poste attelés à une charrette. Le froid était de douze degrés ; la neige couvrait les chemins. Bazard, en arrivant à Paris, avait une oreille gelée.

Je ne m’arrêterai pas sur les détails de ce qui venait de se passer à Béfort : ce sergent qui, le soir du 31 décembre, rentrant dans son quartier, aborde son capitaine, lui frappe sur l’épaule, et par la familiarité inaccoutumée de son langage, éveille des soupçons funestes. Le commandant de place, Toustain, averti et convoquant les officiers qu’il retient autour de lui ; le trouble de ceux d’entre eux qui étaient dans le complot ; l’hésitation des soldats conspirateurs en se voyant privés de leurs chefs ; les conjurés se réunissant sur la place