Page:Blanc - Histoire de dix ans, tome 1.djvu/119

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en tumulte ; le poste prenant les armes ; la colonne des jeunes gens arrivés la veille dans les faubourgs, se dirigeant vers la place, et coupée en deux par la herse qui se lève au moment décisif ; ce coup de pistolet tiré sur le lieutenant du roi sur la croix duquel la balle vient s’amortir ; la dispersion des conjurés, parmi lesquels se trouvaient le brave colonel Pailhès, l’impétueux Guinand, Pance, caractère ferme et cœur dévoué ; l’arrestation de plusieurs, les sympathies qu’ils éveillent par leur courage, leur procès, leur ascendant victorieux sur les juges ; tout cela forme assurément un des épisodes les plus pathétiques de ce drame de la Restauration si souvent ensanglanté. Mais quelques-uns de ces détails ont été rendus publics[1]. Il en est d’autres moins connus et qui méritent une place dans l’histoire de la bourgeoisie.

La charbonnerie à Béfort était loin d’avoir éprouvé une défaite irréparable. Etouffée sur un point, l’insurrection pouvait éclater sur un autre. M. Flotard avait été envoyé à La Rochelle pour y préparer un mouvement, et cette ville était pleine de conspirateurs. Les trois chefs de bataillon de l’artillerie de marine n’attendaient plus que le signal. On avait des intelligences avec Poitiers et avec la garnison de Niort. Un courageux officier, M. Sofréon, devait mettre au service de la charbonnerie sept cents hommes faisant partie du dé-

  1. Voir dans Paris révolutionnaire l’intéressant récit de M. Trélat.