Page:Blanc - Histoire de dix ans, tome 1.djvu/137

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Bien vaines étaient ces paroles ! On ne ménage pas les couronnes attaquées ; on les sauve, ou on les perd.

Eh mon Dieu ! qu’avait donc produit cette longue série de fluctuations et d’atermoiements, qui fut le règne de Louis XVIII ? Sur la scène politique, des discordes sans fin ; et au-dessous, des conspirations, des provocations, des guet-à-pens, des exécutions militaires, voilà ce qui s’était vu. L’orage avait été partout : dans le parlement, dans la presse à la cour, dans les villes, dans les campagnes. Didier, Tolleron, Berton, Bories, quels souvenirs ! Ah ! il me semble que dans cette molle politique de Louis XVIII le bourreau avait pu manœuvrer à l’aise.

C’est que tout est mortel, venant des rois qu’on attaque. Leur faiblesse est aussi fatale que leur force, et leur épouvante que leur fureur. S’ils veulent s’imposer et qu’ils le puissent, ils écrasent tout. Si, au contraire, ils consentent à céder, ne pouvant céder jusqu’au bout, ils provoquent des agressions contre lesquelles il n’est, à défaut de la guerre civile, que la guillotine. Que dis-je ? ce qu’ils cèdent ici sous forme de pouvoir, ils le reprennent ailleurs sous forme de violence. Pour peu que leurs ennemis l’emportent, ils se vengent sur les petits de ce qui leur est enlevé par les grands ; et leur faiblesse de la veille cherche une compensation dans leurs cruautés du lendemain. De sorte que leurs concessions, comme leurs exigences, boivent le sang des