Page:Blanc - Histoire de dix ans, tome 1.djvu/140

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Aussi, rien de comparable, comme vigueur, à l’impulsion qui fut un moment donnée à la société. Le milliard d indemnité jeté en pâture aux émigrés, la loi du sacrilège, la loi sur les communautés religieuses, l’élaboration d’un système qui replaçait la propriété sur ces deux grandes et fortes bases de la féodalité, le droit d’aînesse et le droit de substitution tout cela formait un ensemble de mesures dent on a bien pu contester l’à-propos et flétrir le caractère, mais dont il est impossible de nier l’éclat et l’audace.

Rien, d’ailleurs, ne fut épargné pour le succès de cette gigantesque entreprise. Les forces combinées du pouvoir législatif et du pouvoir royal avaient besoin d’être appuyées sur une force morale qui tînt en échec ce formidable voltérianisme sorti des flancs du XVIII siècle. La congrégation se forme, se discipline, s’étend. Des affiliations mystiques enlacent le pays. Les Jésuites s’emparent, pour les altérer, des sources de l’intelligence humaine, et à Sainte-Anne d’Auray, à Bordeaux, à Billom, à Montrouge, à Saint-Acheul, ils s’attachent à creuser dans les jeunes générations le tombeau des générations précédentes. C’était le siècle pris à rebours, mais avec suite, avec ensemble, avec énergie. Dirai-je ces prédications fanatiques, ces processions troublant les villes et couvrant les campagnes, ces cérémonies expiatoires, le miserere retentissant le long des chemins, le sacre venant