Page:Blanc - Histoire de dix ans, tome 1.djvu/154

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ments que le libéralisme enfanta, pour n’avoir pas embrassé la société tout entière, ne furent cependant ni sans éclat ni sans grandeur. Manuel, se faisant exclure de la chambre et empoigner par un gendarme jusque sur son banc de législateur, donna un noble exemple de la résistance à l’oppression. Dupont (de l’Eure), Voyer-d’Argenson, Laffitte, l’abbé Grégoire, le général Tarayre, appartinrent au peuple par leurs sympathies. Dans le cercle des intérêts qu’elle représentait, la presse émit des vérités utiles et poursuivit avec courage, à travers des obstacles sans nombre, la conquête de la liberté d’écrire. Liberté bien incomplète d’ailleurs ; car elle ne fut, à tout prendre, que la substitution d’un privilége financier à un privilége politique. Parmi les écrivains de la bourgeoisie, il y eut des hommes de talent et de cœur : MM. Comte, Dunoyer, Bert, Chatelain, Cauchois-Lemaire, honorèrent la profession de journaliste. On peut reprocher à Paul-Louis Courier d’avoir manqué, dans ses pamphlets, de ce généreux amour des pauvres, qui eût quelquefois donné à son indignation l’éloquence de l’enthousiasme, et à son talent la puissance de la charité ; mais ce fut une véritable gloire pour la bourgeoisie d’avoir salué son défenseur dans Béranger, enfant du peuple, parlant d’une manière sublime le langage du peuple.

Ce qui caractérise la Restauration, c’est que le principe d’autorité y fut combattu sous tous ses as-