Page:Blanc - Histoire de dix ans, tome 1.djvu/169

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lant ni abaisser son trône ni en descendre, il se devait d’y mourir.

Mais par ses vertus aussi bien que par ses défauts, Charles X était au-dessous de son destin. Plein de foi et de loyauté, de grâce et de courtoisie, fidèle à ses amitiés, fidèle à ses serments, il avait tout d’un chevalier, si ce n’est l’enthousiasment le courage. Seulement, ses manières avaient quelque chose de si royal, que, malgré son défaut de cœur, il conjurait le mépris dans un pays de guerrier. Avec cela, il aurait peut-être suffi à son rôle, si, au lieu d’être obligé de porter la monarchie, il eût été, comme ses aïeux, soutenu et porté par elle. Louis XVIII n’était parvenu à mourir dans son lit qu’en faisant de son règne une longue abdication de la royauté. Charles X avait gémi de l’abaissement de son frère, en voyant tout ce qu’il avait abaissé autour de lui. Il espérait refaire ce qui avait été détruit, relever ce qui avait été jeté par terre, c’est-à-dire, affranchir la couronne, en présence de parlementaires impatients de domination ; faire revivre l’autorité de l’église au sein d’un peuple qui s’était laissé traîner aux fêtes de l’athéisme ; rétablir le prestige de la royauté, dans un pays où un roi était mort en place publique, les mains liées derrière le dos ; ressusciter enfin l’empire de l’étiquette chez une nation amoureuse, sinon de l’égalité, au moins de ses formes et de ses mensonges. La tâche était immense, elle aurait épuisé le génie d’un grand homme : elle n’étonnait pas Charles X. Il est vrai qu’il en ignorait l’étendue. Il était dominé par les prêtres, et, depuis le jour où expiant les voluptés de sa jeunesse, il avait communié avec la moitié de l’hostie