Page:Blanc - Histoire de dix ans, tome 1.djvu/187

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aînés à la famille incorrigible des Stuarts ; on avait parlé de Guillaume III ; de 1688, date d’une révolution pacifique, et pourtant profonde ; de la possibilité de chasser une dynastie sans renverser un trône ; du meurtre de Charles Ier, inutile jusqu’au moment de l’exil de Jacques II. Ces discours avaient circulé d’abord dans quelques salons. Le National, feuille de création nouvelle, les avait divulgués en les appuyant. Mais de telles idées, émises avec réserve par des écrivains habiles, MM. Thiers et Mignet, obtenaient peu de créance dans le public. Ceux-là même qui en essayaient la vertu, ne les présentaient guère que comme des éventualités lointaines.

Il n’y avait pas de vrai parti républicain, à cette époque. Seulement, quelques jeunes hommes, sortis de la charbonnerie, s’étaient mis à exagérer le libéralisme et professaient pour la royauté une haine qui leur tenait lieu de doctrine. Quoiqu’en petit nombre, ils auraient pu remuer fortement le peuple par leur dévouement, leur audace et leur mépris de la vie ; mais ils manquaient de chef : M. de Lafayette n’était qu’un nom.

Enfin, en dehors de toute opinion systématique, quelques personnages connus voulaient pousser à une révolution, mûs par des motus ou des instincts divers : MM. Barthe et Mérilhou par habitude de conspiration ; M. de Laborde par chaleur d’âme et légèreté d’esprit ; M. Mauguin pour déployer son activité ; M. de Schonen par exaltation de tête ; MM. Audry de Puyraveau et Labbey de Pompières par principes ; d’autres par tempérament.