Page:Blanc - Histoire de dix ans, tome 1.djvu/196

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

rait peser sur la couronne. Notre situation alors sera bien plus favorable, et nous pourrons aviser bien plus aisément au salut de la monarchie. »

M. de Gernon-Ranville avait une facilité oratoire qui lui permettait d’affronter les débats de la chambre. Ces motifs n’existaient pas pour ses collègues. M. de Peyronnet n’avait rien d’entraînant dans son langage. M. de Chantelauze était animé d’une sorte d’ardeur maladive qui supportait mal aisément la discussion. MM. de Polignac, de Montbel, Capelle, d’Haussez n’étaient pas hommes de tribune. Ces considérations avaient prévalu, et on était décidé à prévenir la chambre, lorsqu’eût lieu, le 24, la réunion des ministres.

La première question qu’on agita était relative au mode électoral à établir. M. d’Haussez n’approuvait pas le travail préparatoire de M. de Peyronnet. Il pensait que, puisqu’on voulait s’affranchir de la légalité, il fallait le faire plus complètement et plus hardiment : qu’il était tout aussi dangereux et moins profitable d’altérer le système électoral que de le détruire ; que les riches, nobles ou bourgeois étant les soutiens naturels de la royauté, c’était sur eux qu’il convenait de l’appuyer ; et qu’en conséquence, le meilleur parti à prendre était d’appeler provisoirement à faire les lois, les plus imposés de chaque département, en nombre égal à celui des députés. Ce projet dont l’audace était du moins logique, ne fut pas adopté.

Le système électoral de M. de Peyronnet avait aussi été combattu par M. de Guernon-Ranville,