Page:Blanc - Histoire de dix ans, tome 1.djvu/251

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qu’ils en sont empêchés par une violence matérielle contre laquelle ils ne cesseront de protester. »

Des flots de sang coulaient dans Paris au moment où M. Guizot donna lecture de cet acte. Il fut diversement accueilli. Les uns, comme MM. de Lafayette, Laffitte, Audry de Puyraveau, Bérard, Daunou, de Schonen, Mauguin, Bavoux, de Laborde, Labbey de Pompières, avaient peine à comprendre qu’on parlât de fidélité au roi et de conseillers trompant les intentions du monarque, au sein d’une ville ravagée et à la lueur de cent combats. Les autres, tels que MM. Charles Dupin et Sébastiani, trouvaient la déclaration téméraire. M. Casimir Périer se faisait remarquer, entre tous, par son agitation convulsive. Il s’approcha de M. Laffitte et lui dit : « Il faut absolument négocier avec Marmont. Quatre millions ici ne seraient pas mal employés. » L’idée d’une démarche à faire auprès de Marmont ne tarda pas à se répandre dans l’assemblée. M. Laffitte est chargé de désigner les cinq membres qui doivent composer la députation. Il nomme MM. Casimir Périer, Mauguin, Lobau et Gérard. Une nouvelle réunion est indiquée pour quatre heures chez M. Bérard. La séance est levée, et les cinq commissaires se mettent en marche pour le quartier général, après s’être rendus préalablement chez M. Laffitte pour s’y concerter. En mettant le pied sur la place du Carrousel, M. Casimir Périer, dans l’excès de son trouble, ne put s’empêcher de dire à M. Laffitte : « Je crains bien que nous n’allions nous jeter dans la gueule du loup. »