Page:Blanc - Histoire de dix ans, tome 1.djvu/263

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Messieurs ! sauvez le roi ! » A l’instant, chacun fut sur pied ; les gardes mirent leurs casques en toute hâte ; M. de Damas, qui se promenait dans le parc avec son royal élève, le prit dans ses bras et se mit à gravir rapidement le Trocadero, suivi par M. Mazas qui soutenait Mme de Damas consternée. Le cri aux armes ! poussé mal à propos par un factionnaire, avait suffi pour mettre en émoi tous les habitants du château.

M. de Girardin trouva cependant Charles X parfaitement convaincu du succès, et inébranlable dans son dessein. Mais pendant qu’il le suppliait de rapporter les ordonnances, la duchesse de Berry parut ; et comme elle parlait avec emportement de la nécessité de sauver, par une attitude ferme, la majesté royale : « Eh mon Dieu ! Madame, s’écria le premier veneur, ce ne sont pas mes intérêts que je défends ici, mais bien les vôtres. Le roi ne joue pas seulement sa couronne, il joue celle de monseigneur le Dauphin ; il joue celle de votre fils, Madame ! » Et il continua ses sollicitations. Charles X l’envoya au Dauphin ; mais celui-ci répondit d’un ton sec : « Je suis le premier sujet du royaume, et, comme tel, je ne dois avoir d’autre volonté que celle du roi. » Politique des princes, obéissants jusqu’au servilisme, ou traîtres jusqu’à l’assassinat.

D’autres tentatives du même genre furent faites dans cette journée auprès de Charles X. Le baron de Vitrolles parut au château. Il engagea le roi en termes fort pressants à traiter avec les factieux, lui représentant qu’il était bon de céder quelquefois aux